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Cette "fake news" si mal venue

par Philippe Allienne
Publié le 17 février 2023 à 10:17

Combien de manifestants et de manifestantes dans ce cortège ? C’est actuellement l’une des questions phares des médias dits dominants. Les manifestations de ce jeudi 16 février en font les frais. Effet vacances, effet perte de salaire, on ne peut certes comparer avec celles de samedi où l’on a découvert un public différent qui, souvent, s’est déplacé en famille. Peu importe donc la bataille des chiffres. On apprend même, à lire le reportage de notre correspondant à Boulogne-sur-mer, que même les policiers de terrain ne sont pas d’accord avec leur hiérarchie ! Ce qui compte, en effet, c’est la détermination de celles et ceux qui descendent dans la rue, qui s’opposent fermement à la réforme et qui ne croient pas un mot des arguments gouvernementaux. Il n’est qu’à regarder, outre les cortèges, le million de signatures que vient de récolter la pétition lancée par l’intersyndicale. La « fake news » (d’autres diront la « maladresse » ou « l’imprécision ») sur les 1 200 euros a décidément commis beaucoup de dégâts. Les explications pour le moins embrouillées des membres du gouvernement ou de la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale n’y changent rien, bien au contraire. Cette réforme, nous ne le répéterons jamais assez, est injuste. Les gesticulations arithmétiques (combien pour les moins de 21 ans, combien pour les autres, combien pour les femmes, etc...) ne font que semer le doute sur l’honnêteté des « réformateurs ». D’aucuns cependant seraient particulièrement soulagés de voir la mobilisation s’effondrer. La grève reconductible à partir du 7 mars, soutenue par Laurent Berger, et la menace de blocage du pays font peur. Pourtant, Élisabeth Borne et son équipe veulent demeurer sourds. À l’excellente ambiance des manifestations, à ces cortèges « apaisés » que le gouvernement reconnaît bien volontiers, à l’unité syndicale, à la diversité des manifestants (en âge et en catégories sociales par exemple), à l’étendue dans les villes moyennes ou petites, les dirigeants opposent les envolées de l’Assemblée nationale. C’est pourtant bien le gouvernement qui a souhaité y limiter les débats. Les propos inconsidérés de certains députés ou certaines députées ne peuvent gommer la réalité : le pouvoir a affaire à un énorme mouvement social et populaire qui veulent remettre le débat politique au cœur de notre société. Le passage en force de la réforme risque de causer bien du souci à ce que l’on appelle la « macronie ».