J’y perds mon latin

par ERIC BOCQUET
Publié le 24 février 2022 à 18:02

L’élection d’Emmanuel Macron en 2017 a marqué le début, ou la confirmation plutôt, de la recomposition politique dans notre pays. Cette campagne 2022 semble bien confirmer ce phénomène jusqu’à parfois y perdre son latin, en effet. Vous vous souvenez certainement des propos destructeurs et acides des Darmanin, Le Maire et autre Bayrou à l’endroit de leur futur patron, Emmanuel Macron, par charité, nous ne les rappellerons pas ici. Depuis quelque temps, il ne se passe pas une semaine sans que nous apprenions un « mouvement » de responsables politiques dans des directions parfois sidérantes. Ainsi, Alain Minc, encenseur de Macron il y a encore quelque temps, indique dans Le Point, la semaine dernière, pourquoi « il votera Pécresse… ». À l’extrême droite, c’est la guerre, le mercato, et trahisons en série. Nicolas Bay passe de Le Pen à Zemmour ; d’ancien Républicain, le député Guillaume Peltier, rejoint lui aussi Zemmour qu’il décrit comme « le candidat du réel et de la vérité ». Éric Woerth, un pilier de la Sarkozie, change de pays en se rendant en Macronie : « J’ai décidé de soutenir Emmanuel Macron. » Ancien ministre, président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale et par ailleurs responsable de la fédération « Les Républicains » de l’Oise, ça, pour une belle prise, c’est une belle prise ! Pécresse et Bertrand, qui avaient un temps quitté le bateau LR, pour y revenir et participer à la primaire… Et puis, le clou de la semaine, Ségolène Royal, rejetée aux sénatoriales de 2021 par ses amis socialistes, se présente et recueille, sans l’investiture du PS, 11 voix sur 533. Elle avait laissé entendre l’an dernier qu’elle soutiendrait Anne Hidalgo et voilà que cette semaine elle appelle à voter Jean-Luc Mélenchon… On se dit toujours que l’on touche le fond, et puis il y a toujours une couche en-dessous. L’inénarrable Alain Duhamel fournit l’analyse sur un plateau de télévision, l’autre soir : « Ce ne sont pas les politiques qui changent, ce sont les circonstances ! » Ah ça alors, je n’y avais pas pensé, ça me rappelle la formule du célèbre Edgar Faure : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ! » Une pensée finale pour Voltaire : « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis quant à mes ennemis, je m’en charge. »