Deux petits et deux gros énervements de fin d’année

par JEROME LEROY
Publié le 15 décembre 2021 à 15:44

Petit énervement 1 : les sports d’hiver Alors voilà, j’apprends que 8 % des Français en moyenne partent une fois tous les deux ans faire du ski. Le temps que les médias vont accorder et accordent déjà aux problèmes de passe sanitaire pour les tire-fesses, d’enneigement, de prix du forfait est inversement proportionnel à ce pourcentage de chanceux. On pourrait peut-être rappeler aux rédactions qu’elles ne sont pas là pour parler à la population des menus problèmes de la bourgeoisie. C’est d’autant plus obscène quand on sait qu’il y aura des morts dans la rue pour Noël et des familles qui iront chercher dans les banques alimentaires de quoi manger pour le réveillon.

Gros énervement 1 : l’union de la gauche Je comprends bien la désespérance des électeurs de gauche. Je l’éprouve aussi. Je comprends bien l’appel d’Anne Hidalgo et je pense qu’elle était sincère quand elle l’a fait. Seulement, on ne décide pas de ça à quatre mois de l’élection présidentielle. L’histoire de la gauche de ces dernières années, c’est d’abord l’histoire de différences notables entre ses composantes. Ça ne fait pas pour autant, comme disait Valls (qui n’était pas de gauche), des gauches irréconciliables mais il faut tout de même savoir que les partis de gauche actuellement en lice ont des visions très différentes dans trois domaines qui ne sont pas rien : le nucléaire, la laïcité et l’Europe. Les trois sujets divisent parfois au sein même de chaque formation : vos écolos, vous les préférez comme Jadot ou comme Rousseau ? Et vos Insoumis ? Quatennens ou Obono ? On aurait peut-être pu s’y prendre plus tôt pour discuter de tout ça et trouver une plateforme commune (je n’ose pas dire un programme commun). En tout cas, ce n’est pas de la faute des communistes : depuis des années, ils ont laissé la porte ouverte à toutes les discussions.

Gros énervement 2 : la Ve République On dit toujours que les Français ont d’autres préoccupations que de changer de Constitution. Le « on », ce sont les éditorialistes et un certain nombre de politiques. C’est sans doute vrai. Il n’empêche que la catastrophe démocratique que nous vivons, elle vient de là aussi. Appeler démocratie un pays où une seule élection compte vraiment, la présidentielle, c’est un abus de langage. On vous invite à voter tous les cinq ans pour un homme ou une femme, plus que pour un programme. C’est un concours de beauté, plus qu’une élection. À la fin, on lui laisse les clés du camion et tant pis si c’est un chauffard. Les élections intermédiaires ne changeront rien et favorisent ainsi une abstention grandissante. Résultat : la Ve République, en 2021, ça veut dire une extrême droite à 45 % et une gauche qui peine à réunir un électeur sur quatre parce que la Ve République, dans ses gênes, a toujours eu le culte du Chef.

Petit énervement 2 : les palmarès Quand l’année se termine, voilà le moment des palmarès ou des best-of. Les dix meilleurs livres, les vingt meilleurs films, etc. On pourrait croire que c’est pour aider les gens à ne rien rater. Ces palmarès, en fait, reflètent uniquement le goût de ceux qui les font. Faites plutôt confiance à votre goût à vous, ne vous laissez pas influencer par les faiseurs d’opinions. Et puis on n’est plus à l’école pour distribuer des bons points… Alors, offrez ce que vous avez envie d’offrir et joyeuses fêtes rouges à tous !