Le ministre des garderies

par JEROME LEROY
Publié le 6 janvier 2022 à 17:16

Je ne voudrais pas avoir l’air de pinailler, en ce début de nouvelle année, mais les mots ont un sens. Avez-vous remarqué, dans les médias, l’apparition du mot « absentéisme » ? Il s’est généralisé en quelques jours avec la même vitesse surprenante que le variant Omicron s’est mis à contaminer des centaines de milliers de Français. D’ailleurs, les deux ne sont pas sans rapport. Quand des centaines de milliers de Français sont contaminés, même si seule une petite partie d’entre eux développe des symptômes, cette petite partie, même très petite, ça commence à chiffrer au bout du compte. Au point qu’une des craintes du gouvernement est que l’économie connaisse une paralysie, notamment dans les transports ou l’éducation. Ce serait ballot tout de même puisque la stratégie de Macron est précisément de laisser circuler le virus pour que l’économie ne soit pas… paralysée. Pour résoudre ce paradoxe, le gouvernement va vite, très vite, tellement vite qu’il en oublie de mobiliser les députés de sa majorité le soir d’un vote capital sur la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal et que les oppositions, se retrouvant ponctuellement majoritaires, décident d’interrompre la séance à minuit. Il faut dire que l’Assemblée nationale en Macronie, c’est à peine une chambre d’enregistrement. Les ministres passent faire coucou pour dire ce qu’ils ont décidé de faire et comme les députés macronistes, dont on se souviendra qu’un certain nombre ont été recrutés par petites annonces en 2017, n’ont à peu près aucune idée de leur rôle, ils disent oui à tout, le petit doigt sur la couture du pantalon. C’est sans doute l’idée que se fait Macron de la démocratie. On ne peut pas lui en vouloir. Quand on a une constitution comme la Ve République, où tous les pouvoirs sont dans les mains du président qui ne risque même plus une cohabitation depuis la mise en place du quinquennat, pourquoi s’embêter ? Mais c’est une autre histoire. Encore que. Christophe Castaner, chef des godillots de LREM et Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes et à l’absentéisme (nous y voilà !) de leurs députés. Parce que quand on n’est pas là quand on a besoin de vous parce que vous buviez un coup à la buvette ou que vous aviez préféré rentrer vous coucher, ça, précisément, c’est de l’absentéisme. En revanche, quand des conducteurs de RER bondés, les profs dans des classes sans aération et surpeuplées de petites têtes blondes transformées en bombes bactériologiques, ne sont pas là parce qu’ils sont malades, ce n’est pas de l’absentéisme, c’est tout simplement de l’absence. L’absentéisme, c’est intentionnel. Alors pourquoi ce mot s’est-il imposé, avec sa connotation négative ? Il n’y a pas besoin de chercher bien loin, disons du côté de Blanquer, autoproclamé ministre de l’école ouverte alors qu’il n’est que le fidèle exécutant du Medef qui a besoin d’une garderie pour que les parents viennent bosser. Le mépris de Blanquer pour ses fonctionnaires est tel, par exemple quand il donne comme d’habitude par voie de presse le dimanche soir les ajustements du protocole sanitaire pour le lundi matin, qu’il en arrive à parler d’absentéisme pour les profs malades. Comme on le fait pour un élève buissonnier. Ou un député LREM.