Macron : l’hypocrisie sanitaire

par JEROME LEROY
Publié le 25 septembre 2020 à 12:20

La politique sanitaire actuelle n’est pas aussi incohérente qu’elle en a l’air. Les avis contradictoires des scientifiques complaisamment étalés dans les médias, les files devant les labos pour se faire tester, les résultats qui prennent des jours, l’absence de contrôle dans les autoconfinements, tout cela ressemble certes à un vaste chaos créé par des incompétents. Au point que la presse étrangère commence à regarder la France comme on regardait le Brésil il y a quelques mois. Nos voisins belges viennent de faire basculer les départements du Nord et du Pas-de-Calais en zone rouge sauf pour les voyages essentiels et... « les amours de longue durée ».

Mais on aurait bien tort de se moquer. Le père Ubu est aussi très à l’aise en France. Par exemple, chez nous, le virus n’aime pas les fainéants. Il peut attaquer à peu près dans tous les lieux où l’on s’amuse, où l’on boit au comptoir, où l’on se cultive. En revanche, dans les lycées où trente-cinq têtes studieuses et masquées travaillent dans une salle de 40 m2 dont les fenêtres sont verrouillées pour empêcher les suicides, la Covid-19 reste bienveillante. Elle ne vous en voudra pas si la distanciation sociale n’est pas respectée et si le brassage aux intercours ou à la cantine ressemble à une gigantesque rave-party.

On savait les enseignants déjà surpayés avec six mois de vacances par an, on ne savait pas en plus qu’ils avaient le privilège d’être immunisés naturellement. On pourrait multiplier les exemples. Mais, à la longue, une vilaine intuition nous taraude. Et si, encore une fois, Macron avait décidé de nous prendre pour des idiots ? Déjà, au début de l’épidémie, il a été incapable de dire la vérité : le confinement, c’était la meilleure solution dans un pays au système de santé dévasté par l’idéologie managériale, par l’absence de masques et de tests. Aujourd’hui, il semblerait bien qu’il ait décidé, toujours sans le dire, de jouer sur la fameuse immunité collective.

Elle est difficile à atteindre, il faudrait attendre plusieurs années ? Qu’importe. On ne va pas perdre les cent milliards d’euros de la relance. Et puis quand tous les obèses, les diabétiques, les hypertendus et les vieux seront morts, on y verra plus clair dans les comptes de la sécu et des caisses de retraite. Le seul pays qui s’y livre, mais lui a au moins le courage de le faire explicitement, c’est la Suède, qui a d’ailleurs derrière elle une belle histoire autour de politiques eugénistes et d’« hygiène » sociale. Alors oui, c’est sordide. Primo parce que ce n’est pas assumé, secundo, parce que ça va faire entre 100 000 et 450 000 décès qui pourraient être évités si on décidait que leurs vies, même leurs vies de vieux et de malades, valent mieux qu’une récession.