Zemmour, fils du 11 septembre

par JEROME LEROY
Publié le 17 septembre 2021 à 11:59

On a commémoré, la semaine dernière, le 11 septembre 2001. Ceux qui ont plus de trente ans se souviennent forcément de l’endroit où ils se trouvaient. C’est même ce qui fait la définition d’un événement historique. On a insuffisamment insisté en revanche sur le monde dans lequel nous a fait entrer l’effondrement des Tours Jumelles à New York. Un monde de guerres incessantes où le capitalisme joue sur un pseudo choc des civilisations (en gros l’Occident contre l’Islam) pour faire oublier l’horreur économique et désormais écologique provoquée par la course aux profits. Nous faire vivre dans cet état de guerre permanent provoque artificiellement des paniques identitaires. En France aujourd’hui, ces paniques identitaires expliquent l’émergence d’un Zemmour, condamné multirécidiviste pour incitation à la haine raciale. Je ne sais pas si Zemmour sera candidat ou s’il est juste en tournée promotionnelle pour son dernier livre. Il n’empêche qu’il force les responsables politiques, surtout à droite, à se positionner par rapport à ses idées qui tournent toutes comme une obsession malsaine autour de la race et de ce mythe complotiste du « grand remplacement » repris très sérieusement au RN et même à LR. Le « grand remplacement », c’est l’idée inventée par un écrivain d’extrême droite, Renaud Camus, qui prétend que les Français de souche sont remplacés par les immigrés et que bientôt les « blancs » disparaîtront. Qui est à l’origine du « grand remplacement » ? N’en demandez pas trop, on est davantage dans un film d’épouvante de série Z que dans une théorie politique sérieuse. Et pourtant, ça marche. Il y a une zemmourisation des esprits comme il y a une lepénisation des esprits. La zemmourisation des esprits a une différence avec la lepénisation des esprits. Une différence ou plutôt un supplément. La haine des femmes, des femmes maîtresses de leur destin, de leur corps, de leur fécondité. Que peut-on faire contre ça ? Eh bien, dans un paradoxe qui n’est qu’apparent, il faut refuser, à gauche, de poser les problèmes sociaux en termes d’origine ethnique ou de genre. Il est évident que les discriminations à l’emploi ou les contrôles au faciès pèsent plus sur l’immigré. Il est évident qu’un chômeur en France est d’abord une chômeuse, que les inégalités salariales persistent même dans la fonction publique, que la représentation politique des femmes est toujours insuffisante, qu’elles sont victimes de violences spécifiques. Il est évident aussi que fragmenter les luttes au niveau politique ne permettra que des changements à la marge, et encore. Je n’ai pas l’impression que le sort des femmes ou des minorités se soit singulièrement amélioré depuis que des organisations « spécialisées » se sont emparées du problème. C’est pour cela que je suis bien content de la candidature communiste de Fabien Roussel à l’élection présidentielle. Elle remet l’église (rouge) au centre du village : la question sociale est une priorité absolue pour tous ceux qui sont du mauvais côté des rapports de productions, et ça, sans distinction d’origine ou de genre….