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Attention au tout en même temps

par Philippe Allienne
Publié le 3 février 2023 à 14:02

Emmêlé dans des explications de texte qui ne trompent personne, le gouvernement n’aura pas été surpris par l’ampleur de la mobilisation de ce mardi 31 janvier. En se prenant les pieds dans le tapis avec l’allongement de la durée de travail qui améliorerait le sort des femmes, et en ne parvenant pas à convaincre après le tollé suscité, il ne pouvait s’attendre à autre chose. Sur la question de la pénibilité, il ne fait guère mieux. C’est quand même Emmanuel Macron qui, dès 2018, avait fait retirer quatre des dix critères de pénibilité jusque-là pris en compte pour les retraites. Ces critères - les postures, les charges lourdes, les vibrations et le risque chimique - font peur au patronat qui y voit trop de complications. On sait de quel côté penche l’oreille du président. Rien d’étonnant donc à la mobilisation d’ampleur observée mardi. Environ 2,8 millions de manifestants dans les rues des grandes et - c’est très important - des moyennes et petites villes. Des cortèges en rangs serrés avec l’union syndicale, mais aussi avec de nombreux « primo-manifestants ». Cela va même au-delà des clivages politiques. Des personnes votant à droite et ne se joignant jamais aux cortèges revendicatifs où flottent les drapeaux des syndicats de travailleurs étaient cette fois bien présents. Parfois gênés, mais présents. C’est que ce projet de réforme lèse décidément beaucoup de monde, beaucoup de catégories. Peu comprennent les motivations profondes du gouvernement, beaucoup en redoutent les effets. Le meeting organisé à Lille ce 2 février, avec toutes les forces de gauche, les nombreuses réunions et débats prévus ces prochains jours, le succès de la pétition intersyndicale, la mobilisation des mairies de gauche, etc., montrent une volonté forte de faire battre le gouvernement en retraite. Mais le caractère retors de dernier ne saurait être sous-estimé. L’épisode de la motion référendaire, où il laisse la main au Rassemblement national, rappelle sa capacité de nuisance. La difficulté, outre de le faire renoncer à sa réforme du système de retraite, est de veiller sur les autres fronts. Il s’est déjà très violemment attaqué aux chômeurs, il agresse maintenant les migrants avec un projet particulièrement sournois. C’est le pari du « tout en même temps » d’Emmanuel Macron et de son équipe. Le défi, pour le peuple, est de contrer toutes ces mauvaises réformes. Car elles nous mènent vers une société dont nous ne voulons pas.