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Face au danger de l’extrême droite, voter et éliminer

par Philippe Allienne
Publié le 21 avril 2022 à 22:06

À bas les querelles stériles et les tempêtes sous le crâne. Il est aisé de comprendre la difficulté, ce dimanche 24 avril, d’aller mettre un bulletin Macron dans l’urne. En cinq ans, il a créé trop de colère, trop de tension, trop d’injustice. Il a même commencé par là, dès son arrivée à l’Élysée. Il n’a pas aidé non plus, lors du débat qui l’opposait à Marine Le Pen, à rassurer les Français sur sa politique à venir au cas où il serait réélu. Pour autant, comment peut-on prendre le risque de voir revenir l’extrême droite au pouvoir ? Ce serait une première depuis 1944. Mais une première particulièrement funeste. Si elle recueille plus de la moitié des voix, Marine Le Pen n’aura plus de raisons de faire mine d’adoucir son propos. Mercredi soir, à la télévision, elle courbait le dos pour faire la chasse aux voix. Mais si on lui ouvre la porte du pouvoir, ce ne seront plus des voix qu’elle chassera. Elle est réellement dangereuse. Son intention de changer la Constitution, de passer outre le Parlement et les corps intermédiaires pour mener à bien son projet raciste de préférence nationale le montre clairement. Le reste de son programme est à l’avenant. Ses projets pour le pouvoir d’achat n’ont pas de sens, la politique sociale qu’elle préconise est basée sur la division et l’exclusion, les mesures qu’elle entend prendre contre les travailleurs étrangers sont intolérables, celles contre les personnes de confession musulmane sont inhumaines. Bien sûr, on pourrait dire que l’avenir avec Macron n’est pas particulièrement séduisant. Mais on ne peut mettre dans le même sac la politique ultra-libérale et autoritaire de Macron et l’extrême droite néolibérale, raciste et xénophobe portée par Le Pen. Le travail de dédiabolisation qu’elle a entrepris il y a des années est un leurre. Pas son projet. Il suffit de voir les dégâts causés, chez eux, par ses amis politiques comme Victor Orbán, en Hongrie, Jarosław Kaczyński du parti Droit et justice en Pologne, Jair Bolsonaro, au Brésil, etc. Sans oublier, en leur temps, Donald Trump ou Matteo Salvini. Sans oublier, bien sûr, Vladimir Poutine, en Russie, avec qui elle promet de renouer dès la guerre contre l’Ukraine terminée. À la casse sociale et sociétale, elle n’oubliera pas d’ajouter celle de nos libertés. On l’a déjà bien vu, lors de sa campagne, avec son attitude vis-à-vis de la presse et des journalistes. La pudeur n’est pas de mise ce dimanche. Parce que l’on ne peut accepter que notre pays soit aux mains de la fille d’un tortionnaire et d’un fasciste, il convient, en choisissant le bulletin Macron, d’éliminer le danger que représente l’extrême droite. Il faudra ensuite ne pas baisser la garde et veiller à avoir une gauche forte à l’Assemblée nationale.