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Flux migratoires irréguliers !

par Philippe Allienne
Publié le 20 août 2021 à 11:32

Cet été a bien quelque chose de sidérant, voir de médusant. Le rebond de la crise sanitaire et la pression mise sur les salariés avec le chantage à l’emploi du gouvernement et les menaces du ministre Blanquer contre les collégiens et lycéens qui ne seraient pas vaccinés ont de quoi remuer le sang. La crise sanitaire est féroce, il faut la combattre, la vaccination semble pour l’heure le meilleur moyen. Pour autant, ni le chef de l’État, ni le gouvernement n’ont jusqu’ici pris la moindre leçon en matière d’altérité vers les Françaises et les Français. En faisant semblant de se la jouer sympa et décontracté, via le réseau social Tik Tok et en direct du fort de Brégançon, T-Shirt noir moulant, Emmanuel Macron ne fait qu’agacer davantage. Ce lundi 16 août, toujours depuis le fort de Brégançon, le voilà qui s’adresse au peuple sur l’arrivée au pouvoir des talibans, en Afghanistan. Qu’est-ce qui le préoccupe et le taraude ? L’immigration irrégulière que cela pourrait provoquer ! C’est indécent. Comme le font les Etats-Unis en retirant ses troupes d’Afghanistan (appliquant de ce fait un plan préparé il y a dix ans par Barack Obama), la France accepte l’idée que l’islam radical joue un rôle majeur au Sahel et se retire. Très bien, mais l’avancée et le développement de ces pouvoirs religieux, rétrogrades, radicaux et totalitaires vont entraîner de nouvelles vagues migratoires. Les pays riches doivent assumer. L’expression utilisée l’autre soir par le président français, « flux migratoires irréguliers » ne pouvait que flatter l’extrême droite tout en hérissant le poil de la gauche (même si celle-ci n’est pas exempte de critique en la matière). Pour se défendre, l’Élysée parle d’une immigration économique que nous ne pouvons recevoir et jure que, de toute façon, la France est l’un des pays qui « accueille le plus d’Afghans et leur donne le plus de protection ». Il faudra alors s’expliquer lorsque les demandes d’asile seront refusées et lorsque des procédures administratives lourdes pourriront la vie des exilés. Car ce sera à coup sûr le cas. L’expérience précédente est là pour le démontrer. Les talibans avaient certes perdu le pouvoir il y a vingt ans, mais ils étaient toujours présents dans l’intérieur du pays. Ils ne sont jamais gênés pour harceler et menacer celles et ceux qui les contrarient par leur seule existence. Si la France a su accueillir des exilés afghans, le règlement de Dublin a fait bien des dégâts et celles et ceux qui ont finalement pu rester sont loin de vivre sur un grand train. Monsieur Macron a perdu là une occasion de ne pas dire n’importe quoi.