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L’engrenage

par Philippe Allienne
Publié le 27 janvier 2023 à 10:18

Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a enfin obtenu ce qu’il réclame depuis le début de la guerre et de l’invasion russe : « Je ne veux pas un taxi, je veux des armes » avait-il lancé après l’entrée des chars de Poutine dans son pays. Depuis, il n’a cessé de réclamer aux États occidentaux, de les implorer. Arrive alors la question de la livraison de chars. On sait que, finalement, Emmanuel Macron a accepté d’envoyer des chars AMX-10 RC. Pour une mission défensive ? Non. Pour renforcer les opérations offensives ukrainiennes. C’est le président français lui-même qui l’a dit. Mais avant que parte le matériel français, c’est au tour des Allemands et des Américains de céder. L’Allemagne, après des semaines de débats et d’hésitations, va livrer 14 blindés Leopard de type 2A6 et elle autorise du même coup ses alliés occidentaux qui possèdent des chars Leopard à répondre aux demandes de l’Ukraine. Les États-Unis, enfin, vont envoyer 31 chars Abrams. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de chars lourds et non de blindés légers comme les AMX français. Tout cela prendra certes du temps, mais on entre ici dans une autre dimension du conflit russo-ukrainien. Selon certains experts, ces livraisons ne devraient pas permettre à la Russie de considérer les pays livreurs d’armes comme des belligérants. Officiellement, ces chars doivent bien permettre à l’Ukraine de se défendre contre l’offensive russe. Sauf que pour les militaires, quels qu’ils soient, on ne fait pas la différence entre défense et offensive. Ensuite, le président Zelensky remercie ses alliés mais leur demande aussitôt d’aller plus loin en lui livrant des missiles. Des missiles défensifs ? Évidemment non. Il s’agirait ici d’attaquer le sol russe. Nous ne négligeons évidemment pas la souffrance que subit le peuple ukrainien depuis près d’un an. Mais nous ne pouvons que constater qu’une notion a été mise de côté et est en passe de sombrer dans l’oubli. Il s’agit de la notion, de la volonté de paix. Préparer la guerre pour sauver et maintenir la paix n’est pas une vérité démontrée. Quand on sait que les accords de Minsk n’ont jamais été respectés, on peut toujours se poser la question de ce pourquoi on en est arrivé là. Mais un nouveau choix vient d’être confirmé : celui de l’engrenage et de l’escalade.