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LA CONFUSION QUI FAIT LE DISCOURS POLITIQUE

par Philippe Allienne
Publié le 30 septembre 2022 à 14:03

Le spectacle offert sur le théâtre politique ne gagne décidément pas en qualité. Les réactions multiples, suscitées tant dans le camp de la Nupes que dans celui de la droite, par les propos de Sandrine Rousseau, ne font absolument pas vaciller cette dernière. Bien au contraire. Elle assure. Rien ne saurait l’impressionner. Ni la colère de Julien Bayou, ni celle du ministre de la Justice Éric Dupont-Moretti. Élisabeth Badinter avait-elle la moindre chance de la faire douter ? Certainement pas. Après avoir entendu les critiques de la philosophe formulées à son égard, dans une matinale de France Inter, elle répond lapidairement via Tweeter. Là où la première lui reproche de vouloir «  faire tout flamber  » et « mépriser  » la justice, la seconde dénonce un « combo de positions réactionnaires. » Le tour est joué. Facile. Elle continue bien entendu à donner des leçons « de gauche » au secrétaire du Parti communiste reprises d’ailleurs en cela par Jean-Luc Mélenchon qui n’en appelle ni plus ni moins qu’à… Karl Marx en personne ! Il devient difficile, dès lors, de prendre ces « échanges  » au sérieux, tant pis pour le débat politique. A droite, le tableau n’est guère plus réjouissant. Les subtilités de langage et la manière de faire semblant de ne pas comprendre les propos des autres deviennent plus que jamais monnaie courante. A gauche, quand Roussel parle travail, on le traite de « réac » et on balance des citations et des références tronquées. A droite, on ne s’étonne même plus d’entendre le ministre de l’Économie Bruno Lemaire faire semblant de ne pas comprendre ce que dit la Première ministre. Ainsi peut-il, toute honte bue, déclarer un jour ne pas savoir ce qu’est un superprofit (histoire de ne pas les taxer) et affirmer le lendemain qu’Élisabeth Borne veut s’en prendre aux superprofits des laboratoires… d’analyse médicale. Ces derniers agissent sur prescriptions médicales, avec remboursements de la sécurité sociale. Rien à voir donc avec les grosses firmes dont parlait la Première ministre qui eux font de réels superprofits. Ces propos des uns et des autres sont distillés à des heures de grande écoute, sur de grandes radios ou des chaînes à forte diffusion. Difficile dès lors pour l’auditeur, le public, de s’y retrouver. Volontairement ou non, les discours sont tordus et ne font qu’ajouter à la confusion.