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Quand BHL sauve l’Ukraine et le monde

par Philippe Allienne
Publié le 10 mars 2022 à 17:16 Mise à jour le 11 mars 2022

L’entrée en guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine a sidéré une bonne partie du monde, l’Occident en particulier. La lente et inéluctable avancée des chars russes vers Kiev, les bombardements, les tirs contre les civils, le bombardement d’une maternité, etc. provoquent un sentiment de révolte bien compréhensible. Les rassemblements, les manifestations, les témoignages et les actions de solidarité avec le peuple ukrainien sont aussi sincères qu’admirables. Pour autant, ce conflit ne trouve pas ses racines dans ces dernières semaines. De nombreux articles et de nombreux livres ont été écrits dès 2014 par des observateurs avertis. Nous pourrons y trouver une partie des clés pour comprendre. Comprendre n’est pas excuser. Et il est hors de question de donner ici le moindre crédit à Vladimir Poutine. Sa décision d’envahir l’Ukraine et de déclencher une guerre est parfaitement inacceptable. Ses arguments (génocide, dénazification) n’ont aucun poids réel face à l’horreur qu’il est en train de produire. Nous ne devons pour autant pas perdre conscience que tout n’est ni entièrement blanc, ni entièrement noir (sauf la guerre et les massacres). Il nous faudra, à l’avenir et dans ces colonnes, nous contraindre à un effort de pédagogie. L’exercice n’est pas aisé. Mais on ne peut se contenter de n’entendre qu’une voix contre un dictateur qui risque de se transformer en rejet de tout un peuple et de toute une culture. Pourtant, le sale travail est déjà bien entamé. Que vient faire par exemple, dans le débat, un intellectuel dont la réputation de faussaire n’est plus à établir ? Bernard-Henri Lévy, il s’agit de lui, cosigne avec l’acteur Sean Penn, l’écrivain Salman Rushdie et le musicien Sting, un texte intitulé : « Le destin du monde se joue à Kyiv. » Tous les quatre, explique le quotidien Libération qui publie leur appel, « dressent une liste de dix mesures à appliquer immédiatement pour obliger la Russie à mettre fin au conflit, ou, au moins, à entamer un processus de désescalade ». Car s’ils se félicitent des « sanctions prises par l’Union européenne, les États-Unis d’Amérique, le Canada, le Japon et d’autres », ils en veulent davantage et dressent une liste complémentaire de dix mesures. Pourquoi pas 9 ou 11 ? Affaire de style ou d’élégance sans doute. Nous ne les citerons pas ici, elles sont facilement accessibles sur la toile internet. Bernard-Henry Lévy qui, tout au long de sa carrière d’« intellectuel » n’a eu de cesse de se tromper, de tricher, de divulguer de fausses informations (l’Iran et les nazis, son film-reportage Bosna !, le Danemark et la banque Goldman Sachs, l’Afghanistan, etc.) vient à présent donner des leçons sur la guerre en Ukraine et sur ce qu’il convient de faire. Il sait sans doute de quoi il parle. En 2014, il était allé se noyer dans la foule des protestataires de la place Maïdan, en Ukraine. Dans une interview à CNews, il disait n’y avoir vu qu’un « mouvement incroyablement mûr, incroyablement déterminé et très profondément libéral ». De drôles de drapeaux flottaient au-dessus de sa tête, mais notre philosophe se sentait porté par une vague extraordinairement revivifiante, celle qui porte le rêve européen.