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UN GOUVERNEMENT QUI MONTRE SES MUSCLES

par Philippe Allienne
Publié le 14 octobre 2022 à 13:13

Montrer ses muscles. C’est en tout cas ce que semble vouloir faire le gouvernement en ressortant sans vergogne la menace de l’article 49.3. Madame Borne le montre : rien ne la fera reculer. La France a besoin d’un budget, peu importe la demande de débat et du vent nouveau qui souffle sur les bancs de l’Assemblée nationale. Il faut savoir arrêter une discussion, même s’il y a beaucoup à dire encore. Alors, on se moque une fois de plus de la phrase tronquée de Maurice Thorez sur la fin d’une grève et on dégaine le fameux 49.3. Faire croire qu’il en sera fait usage de manière exceptionnelle et unique est illusoire. Les dossiers en préparation, contre notre système de retraite, contre nos indemnisations chômage... sont autant d’appels à frapper dur... sur les Françaises et les Français.Mais ce n’est pas tout. Même s’il le fait en prenant toutes les précautions nécessaires, le gouvernement décide aussi de siffler la fin de la récréation pour les grévistes du raffinage et des dépôts pétroliers. Il prend un gros risque. Laisser entendre que ces salariés sont des nababs qui souhaitent s’engraisser davantage encore ne peut résister à la présentation des fiches de paie. La direction de TotalEnergies l’apprendra peut-être à ses dépens. Mais la menace de la panne sèche, qui affole tant les automobilistes, est ici d’un grand secours pour le grand patronat. Pourtant, les 10% d’augmentation que réclament les salariés sont bien peu au regard des bénéfices et profits abyssaux qu’engrange un groupe comme Total, issu d’une ex-entreprise publique privatisée il y a près de trente ans privant ainsi l’Etat de moyens substantiels (5 à 7 milliards d’euros par an). Ne parlons pas de ce que gagnent les dirigeants de cet énorme groupe dont l’actionnaire principal n’est autre que BlackRock, celui-là même, gestionnaire d’actifs américain, qui lorgnait sur nos retraites.La boucle est bouclée. En quelques jours, nous avons à l’œuvre des briseurs de grève encadrés par des défenseurs du libéralisme pour rappeler à l’ordre des salariés qui pourraient bien être tentés par une convergences des luttes.