« Ils sont inquiets »

par ERIC BOCQUET
Publié le 22 mars 2019 à 12:31

Qui donc ? Nos concitoyens les plus riches, en effet, s’inquiètent de ce qui sortira du « grand débat national » qui touche à sa fin. Un million cinq cent mille contributions, plus de dix mille réunions publiques sur l’ensemble du territoire et le sujet numéro un qui y fut abordé est celui de la fiscalité.

Le mouvement des Gilets jaunes a mis entête de ses revendications la justice fiscale, un sujet que nous portons là où nous sommes et que nous partageons sans réserve. Le retour à l’ISF, tranches supplémentaires pour l’impôt sur le revenu et baisse de la TVA sur les produits de première nécessité... entre autres propositions fiscales. M. Macron a écouté, il en même pris des notes pendant les débats mais aujourd’hui l’heure du verdict approche. Quelles propositions sonnantes et trébuchantes seront faites par le gouvernement ? A entendre les pré-annonces du Premier ministre : « Je crains que nos réponses ne soient quelque peu déceptives...  ». Nous avons tous été surpris de l’emploi de ce terme, nous aurions mieux compris l’utilisation du mot « décevant », politiquement il est vrai difficile à utiliser vu le contexte d’attentes fortes et de tension extrême.

Alors, ce mot "déceptif", d’où vient-il ? Il s’agit d’un néologisme (un mot nouveau) tiré de l’anglais deceptive, c’est ce qu’on appelle un « faux ami », un mot qui n’a pas le sens qu’un francophone lui donne-rait spontanément. Par exemple, hazard en anglais n’a rien à voir avec « hasard », il signifie « danger ». On donne donc à tort le sens de « décevant » à deceptive, l’anglais signifie en effet « trompeur », cet adjectif deceptive est dérivé de deception lui-même emprunté à l’ancien français « deception » qui signifiait « tromperie ». Deceptive a bien une origine latine, exporté en Angleterre au moment où Guillaume le Conquérant quitta la Normandie en 1066 pour conquérir l’Angleterre. Alors, l’emploi de ce terme« déceptif » par le Premier ministre me laisse un peu songeur et peu enclin à croire aux réponses à venir.

Il a annoncé aussi qu’il n’y aurait pas de« grand soir fiscal ». La justice fiscale reste un chantier. Monsieur le Premier ministre, Normand comme Guillaume le Conquérant, aurait dû prévoir que nous chercherions l’histoire de ce mot "déceptif".