Ni de droite, ni de gauche : capitaliste !

par ERIC BOCQUET
Publié le 31 janvier 2019 à 16:45 Mise à jour le 30 janvier 2019

Au hasard de ma navigation sur la toile de la communication, j’ai croisé une vidéo en direct de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances. J’ai entendu cette phrase prononcée par lui : « Nous ne pouvons pas payer toujours plus de croissance par toujours plus d’inégalités ». Je me suis donc arrêté pour écouter la suite. J’ai relu le texte complet de ce discours que je me suis procuré sur le site de Bercy.

Il s’agissait de la deuxième édition des Rendez-vous de Bercy, dont « l’objectif, nous rappelle-t-il, c’est que le ministère de l’Economie et des Finances réfléchisse…  » Bigre, cela veut-il donc dire que, depuis mai 2017, tel n’est pas le cas ?!

En fait, l’objectif est plus fondamental : ils veulent tout simplement refonder le capitalisme. Le mot capitalisme est d’ailleurs utilisé cinq fois dans ce texte de deux pages, assez rare quand même dans la bouche d’un ministre de droite pour être souligné, au sein d’un gouvernement « ni de droite, ni de gauche  ».

Dans le discours de Bruno Le Maire, on sent pointer un soupçon d’inquiétude. « Nous devons être capables de réfléchir à l’avenir du capitalisme  », « nous avons un rejet croissant des inégalités par nos compatriotes et une demande de justice, de protection des peuples  ». Bruno Le Maire se livre ensuite à une critique terrible du système… qu’il soutient et gère avec beaucoup de zèle : « Nous devons prendre conscience que la situation de pauvreté de certains pays africains… Nous ne pouvons pas être indifférents au sort des pays africains… Le G7 doit se consacrer à la lutte contre les inégalités… ». On dirait du Che Guevara… la différence étant que Bruno Le Maire et ses amis ne veulent, pas comme nous, dépasser le capitalisme pour changer la société. Ils veulent inventer une façon de le faire durer encore un peu…

« Faisons gaffe, les mecs ! »

Néanmoins, l’inquiétude est réelle chez les nantis, ainsi Christine Lagarde, présidente du FMI, la « Louise Michel » des ultralibéraux, déclarait il y a quelques semaines : « Les élites n’ont pas conscience de ce qui se passe. Après la crise de 2008, il y a eu une conscience de ce qu’il fallait faire : réglementer certains secteurs financiers. Aujourd’hui ce n’est pas le cas, la réglementation financière recule ici et là, le laxisme revient ». Plus trivialement : « Faisons gaffe les mecs, n’allons pas trop loin sinon tout va nous péter à la gueule et on n’aura plus un rond !  »