Allez, coulez jeunesse !

par Lydie LYMER
Publié le 21 janvier 2022 à 15:09

Quitter le cocon familial pour faire des études supérieures n’est jamais facile. La crise sanitaire et économique a généré un tsunami de troubles psychologiques de plus en plus difficile à contenir. Deux ans de pandémie ont profondément impacté le moral des étudiants. Certains n’ont jamais connu l’université hors Covid. Changements incessants de protocoles sanitaires, cours à distance, gestes barrière. Tout conduit à l’isolement des jeunes, précarisés par la perte des petits boulots. Selon une étude réalisée par l’association Linkee, 46 % des étudiants sautent des repas pour raison financière. Beaucoup n’ont pas d’autre choix que de recourir à l’aide alimentaire. Outre des moyens de financer leurs études, les jeunes doivent également trouver des stages, des contrats en alternance que le chômage raréfie. Ils se projettent de moins en moins dans le monde du travail et sont préoccupés par l’avenir de la planète. Le suicide est la seconde cause de décès chez les 15-25 ans, après les accidents. Une enquête récente menée par l’Inserm [1] et l’université de Bordeaux conclut que 37 % des interrogés souffrent de troubles dépressifs et 27 % d’anxiété. Le gouvernement a instauré début 2021 le « chèque psy », garantissant trois séances de psychologie de 45 minutes, plafonnées à 30 euros, alors que la consultation coûte en moyenne 60 euros. Le dispositif est prolongé jusqu’au 31 août 2022. Le co-président de la Fédération française des psychologues et de psychologie a récemment rappelé que « d’emblée nous avions averti que nous n’appliquerions pas ces tarifs ». La plateforme santepsy.etudiant.gouv.fr ne recense que 1 174 professionnels partenaires. Seuls 2 % des étudiants ont consulté. « Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », selon le directeur de l’espace santé étudiants de l’université de Bordeaux. Si le gouvernement qualifie cette initiative de « réussite », l’accès rapide et sans reste à charge n’est pas garanti. La jeunesse va mal. Et quand elle tousse, c’est la République qui s’étouffe.

Notes :

[1Institut national de la santé et de la recherche médicale.