Le 31 mai, Emmanuel Macron assurait aux soignants de Cherbourg qu’on avait « une boîte à outils que l’on a définie au niveau national ». Le même jour, il ordonnait une « mission flash » pour gérer la crise des urgences. Le conseiller santé du candidat Macron aurait-il rédigé ce projet pendant la campagne électorale ? Parce que la « boîte à outils d’urgence pour cet été » est détaillée dès la page 23 du rapport Braun. Alors, j’ai un doute. Toutes les mesures proposées sont « temporaires », « exceptionnelles », ou « provisoires ». À Armentières, mes grands-parents ont habité jusqu’en 1960 « les provisoires » construits dans l’urgence de l’après-guerre. En 1961 les péages devaient temporairement servir à financer la construction des autoroutes. Comme quoi, le provisoire, ça peut durer. Nous sommes déjà le 8 juillet et l’hôpital fonctionne toujours à flux tendus. La boîte à outils, c’est pour passer l’été 2022 ou l’été 2023 ? Parce que j’ai un doute. Des expérimentations sont en cours pour désengorger les urgences. Les résultats seront présentés cet automne. Pourquoi ? Pour pérenniser de nouveaux dispositifs numériques ? J’ai un doute. Il faut revaloriser de 50 % le travail de nuit. Les infirmiers de l’hôpital public perçoivent une indemnité de travail de nuit de 1,07 euro brut de l’heure. 9,63 euros brut par nuit. Un supplément de 4,81 euros serait attractif ? Franchement, j’ai un doute. Braun serait-il chargé d’expliquer aux soignants comment se passer de ce dont ils ont besoin ? Les services médicaux d’incendie et de secours devraient venir renforcer les effectifs des urgences. Mais la loi MATRAS les charge de la formation des pompiers volontaires, mobilisés par l’alerte incendie maximale dans le sud du pays, aux gestes de réanimation. Comment soigner un malade en tenant un extincteur ? J’ai un doute. Des femmes accouchent déjà au bord des routes et des gens meurent faute d’arrivée rapide des secours. Il y aura d’autres morts. Le Dr Braun présentera-t-il ses condoléances aux familles via Zoom ? J’ai un doute. Mais pendant qu’on tire d’un tiroir le rapport d’une mission flash, on ne tire pas de flashballs sur des manifestants. Ça fait moins de blessés aux urgences. Là, aucun doute.
La chronique santé du Dr Lydie Lymer À plus, dans l’bus !
