Médocs en stock

par Lydie LYMER
Publié le 17 juin 2022 à 10:59

L’Académie nationale de pharmacie alerte sur les pénuries de médicaments à venir. La guerre en Ukraine bloque la production d’acier, intervenant dans la production de dispositifs médicaux comme les aiguilles. La déstabilisation des transports internationaux impacte l’import depuis la Chine de principes actifs entrant dans la fabrication de médicaments en Europe. C’est l’effet papillon. La course au vaccin contre le Covid a mis à l’arrêt la production de molécules commercialisées considérées moins prioritaires. Surtout que les laboratoires préfèrent des molécules innovantes, plus rentables. Sauver des vies, oui… Mais si on pouvait faire un peu de profit ... Les pénuries, qui ont triplé au cours des cinq dernières années, concernent actuellement des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur : anti-cancéreux, produits anesthésiants, traitements contre la tension artérielle, l’épilepsie, la maladie de Parkinson, certains antibiotiques. Un autre traitement est proposé dans 30 % des cas. Mais ces alternatives ne sont pas toujours tolérées, comme l’a démontré l’« affaire levothyrox » où le changement de formule a généré des effets secondaires chez plus de 30 000 Français. Dans 18 % des cas, les patients interrompent leur traitement. Le déséquilibre de pathologies chroniques pourrait entraîner une surmortalité. Pour Emmanuel Macron, « la souveraineté sanitaire et industrielle sera un des piliers du plan de relance ». En 2020, il avait promis 200 milliards d’euros à Sanofi pour relocaliser la production de Doliprane. On est sauvé, on n’aura pas mal à la tête ! Le Doliprane est en rupture de stock depuis plusieurs semaines, mais devrait être disponible prochainement. Et nous avons toujours du paracétamol, même si le Dafalgan et l’Efferalgan sont commercialisés par le concurrent UPSA. Les actionnaires de Sanofi, qui a versé 4 milliards de dividendes en pleine crise économique tout en touchant des aides publiques, devraient s’en remettre. Les politiques de santé publique ne doivent pas être dictées par les lois du marché imposées par les firmes pharmaceutiques. À quand un pôle public du médicament pour répondre de façon fluide aux besoins réels des populations ?