Accouchez où vous pourrez

par Lydie LYMER
Publié le 17 mars 2023 à 15:21

Le 6 mars, Yves Ville, chef du service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Necker, présentait sur France Inter les conclusions de son rapport. Dans les « petites maternités » assurant moins de mille accouchements par an, « la sécurité » des parturientes n’est plus assurée. « On y pratique moins d’accouchements, on y perd en expérience, ce qui est dangereux. » En 2015, ce « seuil de sécurité », fixé à 300 naissances, avait conduit à la fermeture de nombreuses maternités. Pour éviter les départs en urgence, le Pr Ville propose d’héberger des futures mamans à l’hôtel quelques jours avant l’accouchement. Mais ce dispositif existe déjà, pour les femmes enceintes résidant à plus de 45 minutes d’une maternité ! Situation qui concernait 24 % des femmes en âge de procréer en 2017, contre 6 % en 2000. La musique, on la connaît bien. Un éminent spécialiste, parisien de préférence, et proche du ministère si possible, émet un avis. Le message est orienté vers la fermeture d’établissements au nom de la sécurité des usagers. Comme si un désert médical sans structure de proximité était plus sûr. Et plus attractif pour les professionnels et les populations. Des maternités privées se jugeant non rentables ont déjà fermé leurs portes et leurs berceaux, transférant leur activité vers un secteur public manquant de personnel et de moyens, et dont les murs ne sont pas extensibles. C’est le cas de la clinique Villette, à Dunkerque. Qui a commandé ce rapport ? Est-ce un ballon d’essai avant des annonces gouvernementales ? On ne sait pas. Mais les maternités effectuant moins de mille accouchements annuels ont du souci à se faire. Certes, la natalité a baissé de façon significative en France en 2022. Moins de 900 bébés sont nés à Hazebrouck. Moins de 550 à Fourmies. La nouvelle maternité d’Abbeville n’a enregistré que 1 200 naissances. Une solution : pour sauvegarder vos maternités de proximité, mesdames et messieurs, procréez !