Ehpad : des robots pour remplacer les soignants ?

par Lydie LYMER
Publié le 11 février 2022 à 10:40

Un tiers des personnes âgées souffrent de solitude. Un demi-million de seniors sont en situation de mort sociale, selon l’association Les petits frères des pauvres. Soyons honnêtes, le livre Les fossoyeurs du journaliste Victor Castanet ne fait que révéler la maltraitance institutionnelle que dénoncent les soignants depuis des années et qu’ils ne tolèrent plus. Alors ils démissionnent. Ces personnels méprisés sont pourtant essentiels. Attentifs, ils repèrent la douleur, une escarre débutante, la déshydratation. Leur métier, pénible physiquement et psychologiquement, est mal payé. Un aide-soignant gagne à peine plus qu’un Smic. Nos infirmiers sont les moins bien rémunérés d’Europe, au 28e rang de l’OCDE sur 32.

Lire aussi : « Ehpad privés : Ceux que l’on traite bien sont les actionnaires ! »

Le 2 février, lors des questions d’actualité au Sénat, Céline Brulin, sénatrice communiste de Seine-Maritime, demandait si le gouvernement comptait « avancer vers un taux d’encadrement d’un personnel pour un résident » et « refuser l’agrément à des établissements » uniquement axés sur la rentabilité. Se prévalant avoir « été aide-soignant en Ehpad », Olivier Véran répondait qu’« il n’y avait pas assez de personnels pour bien prendre soin des résidents », dans le public comme dans le privé. Alors qu’un vaste plan d’embauche est nécessaire, le gouvernement choisit de financer le virage numérique des Ehpad à hauteur de 600 millions d’euros. L’hécatombe due à la canicule de 2003 a contraint les maisons de retraite à se doter de salles climatisées. Avec le Covid, les robots arrivent aujourd’hui dans les Ehpad. Commercialisé par la société belge Zora Bots, le plus connu est Zora. Il coûte 15 000 euros, soit le salaire d’un aide-soignant pendant dix mois. Animateur cybernétique docile, il n’est jamais malade, ni en congé, ni en grève. Un bon investissement. Il stimule les activités artistiques, la gymnastique douce et peut distraire le résident pendant certains soins difficiles, sans empathie : seule une machine est insensible aux larmes d’un patient. La technologie numérique a-t-elle réellement sa place dans un secteur qui devrait mettre l’humain au cœur de son activité ?