La folie des grandes heures

par Lydie LYMER
Publié le 24 mars 2023 à 11:19

Un projet de loi « pour la refondation de la politique dédiée à l’enfance en matière de santé mentale et de psychiatrie » a été déposé par la députée Renaissance Huguette Tiegna. Emmanuel Macron s’était engagé au cours de la campagne présidentielle 2022 en faveur de la santé mentale et la psychiatrie, « axes majeurs de la politique de santé nationale dans les années à venir ». Il en a des axes majeurs, Emmanuel Macron. La lutte contre la délinquance. Contre les inégalités femmes- hommes. Le dialogue social. Si, si ! La réforme du chômage. Celle des retraites pour laquelle il a prouvé l’importance qu’il accorde au dialogue social. Évidemment, deux ans de pandémie ont laissé des séquelles. Face au malaise des jeunes, il signe un « chèque d’accompagnement psychologique ». Facile : on casse les gens, et après on fait un chèque. Pour les réparer. Le texte de loi prévoit un plan décennal doté d’une enveloppe de 2 milliards annuels. Qui ne compensent pas la baisse de budget due au transfert du financement des établissements psychiatriques de l’État aux Régions. Dès 2021, les syndicats avaient calculé une perte programmée de 30 % sur un budget de 8 milliards d’euros par an. On va en faire des choses, en dix ans. On doublera le nombre de centres médico-psychologiques, qui ont été fermés. Les capacités d’accueil augmenteront de 50 %, quand 1 000 lits manquent aujourd’hui pour répondre aux besoins. On doublera le nombre de pédopsychiatres, alors qu’un sur deux est parti dans les cinq dernières années et qu’ils ne sont plus que 700. Et pour en former d’autres, on triplera le nombre d’enseignants. On peut multiplier zéro par trois, ça fait toujours zéro. Bref, un texte vide de sincérité, qui ne traite en aucun cas du malaise profond de notre société : l’absence de projection dans l’avenir, l’anxiété face à la crise climatique, face à l’insécurité financière et au mépris d’un président qui gouverne à coups de 49.3.