La technologie genrée : on n’arrête pas le progrès

Les femtechs, female technologies [1] , font partie des « tendances de la e-santé » pour 2023. Elles sont susceptibles d’améliorer la santé et le bien-être des femmes. Le marché représente environ 2 milliards d’euros d’investissement. Il pourrait atteindre 50 milliards de dollars d’ici 2025. Pour l’heure, les solutions concernent majoritairement la reproduction. « L’avenir de l’homme est la femme », écrivait Aragon. C’est le moment d’investir. François Braun mise sur le numérique pour la prévention, « afin que le système de santé ne soit plus orienté que sur le soin ». En matière de prévention, il faudrait peut-être aussi remettre de l’humain. Dans les commissariats et les tribunaux. En nombre suffisant, pour recueillir et traiter les plaintes pour violences conjugales. Le collectif #NousToutes dénombre 147 féminicides en 2022. Soit 20 % de plus que l’année précédente. Éric Dupond-Moretti regrettait en 2021 que les « formidables outils » que sont les bracelets anti-rapprochement et les téléphones grave danger « restent trop souvent dans les tiroirs ». En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg, qui ne tient pas compte de l’emprise psychologique que subissent les femmes. À tant entendre qu’elle n’est bonne à rien, la bonne à tout faire finit par passer à l’acte. Selon l’Observatoire des violences conjugales, 684 victimes de harcèlement de la part de leur (ex-)partenaire se seraient suicidées ou auraient tenté de le faire en 2021. Au total, chaque année, près de 1 000 femmes meurent de violences dans le couple, selon la militante Ernestine Ronai. Trois femmes par jour. Au regard des enjeux de dépistage en santé mentale, les outils numériques se développent. Deprexis est « une thérapie numérique destinée aux personnes adultes souffrant de dépression ». Toujours pas d’humain, mais il y a de l’IA [2] au service de l’humain. Emmanuel Macron peut faire du 25 janvier la journée nationale de lutte contre le sexisme. Pantin peut devenir Pantine pour interpeller sur les inégalités de genres. Derrière les voix des maris honnêtes gisent encore trop de corps rompus.