« Non ! » à la privatisation des 610 millions d’euros de bénéfices d’ADP

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 21 juin 2019 à 09:30

La décision de privatiser la société nationale ADP (Aéroports de Paris), prise par le président de la République Emmanuel Macron et le Premier ministre Édouard Philippe, a provoqué la levée de boucliers de 248 parlementaires des deux Assemblées issues de la gauche et de la droite républicaine (sauf ceux de LREM).

Ce n’est pas le premier scandale imposé à notre pays, mais dans notre histoire, peu d’événements ont provoqué un tel front républicain. Dans la plupart des cas, il s’agissait de drames comme les attentats meurtriers contre l’équipe de Charlie , ou ceux de novembre 2015.

Ce bien commun, dont les citoyens possèdent 50,5 % des parts, est un fleuron de notre patrimoine économique. La qualité des services assurés par tous les personnels, pour toutes les opérations aéroportuaires, en fait un modèle. On veut son savoir-faire dans le monde entier. Le groupe ADP est désormais présent dans plus de trente pays. En 2018, ADP aura assisté plus 281 millions de passagers confortant ainsi sa place de leader mondial. Les bénéfices réalisés par le groupe sont à l’image de ses performances. Ils ont été de 610 millions d’euros en 2018 soit une progression de 6,9 %.

Et les lendemains s’annoncent sous les meilleurs auspices. L’association des compagnies aériennes internationales (Iata) prévoit que le nombre de passagers devrait être multiplié par deux pour atteindre 8,2 milliards de voyageurs en 2037. Les bénéfices suivront. 610 millions d’euros de bénéfice, cette manne ne pouvait pas laisser indifférent le monde financier. Macron, son bras armé au pouvoir, s’est chargé de privatiser ce trésor diamant de notre économie qui lui permettra d’en récupérer les bénéfices.

Des bénéfices annoncés plus généreux et qui seraient encore plus juteux à l’issue d’un dégraissage de personnel dont les opérateurs capitalistes ont le goût, le secret et la tragique habitude. Pour justifier ce cadeau inouï à la finance et aux opérateurs privés, le gouvernement invoque la nécessité de payer « l’innovation de rupture ».

À un moment où le taux d’emprunt de l’État sur les marchés monétaires est égal à zéro, l’argument ne vaut rien. Quant à l’endettement en découlant, il serait égal à 0,01 % du PIB et donc insignifiant. Moins compromettant que les 5 milliards d’euros perdus pour cause d’abandon de l’ISF (impôt sur la fortune) ! Devant ces évidences, Bruno Le Maire, ministre des Finances chargé des basses œuvres, avance une argutie : «  L’ État serait un mauvais gestionnaire » .

Si c’est le cas, on se demande comment ADP parvient à être numéro un mondial et dégager autant de bénéfices. Et si l’État est mauvais gestionnaire, ne suffit-il pas de changer de gestionnaire ? La France ne manque pas de talents. Nous avons tous observé que l’argument massue de « la concurrence profitable aux usagers  » n’a pas été évoqué, et pour cause ! Nos concitoyens font la douloureuse expérience de la privatisation des autoroutes ou d’EDF, dont les prix ne cessent d’augmenter, grevant les budgets des familles.

Emmanuel Macron, Édouard Philippe et Bruno Le Maire livrent à la finance les fleurons de notre économie, au détriment de l’intérêt général. Ils sont, ici, les adversaires de la nation et du peuple. « Empêchons la privatisation d’ADP. Unis, défendons ce bien commun, ce bien national contre la finance.  » Liberté Hebdo vous invite à rejoindre les 248 députés et sénateurs de la nation, qui exigent par pétition la tenue d’un référendum pour que le dernier mot revienne au peuple de France.