Les prédateurs...

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 12 avril 2019 à 16:48 Mise à jour le 14 avril 2019

Le nom de Denis Kessler ne parle pas à tout le monde. Pourtant, ses faits et gestes ont des conséquences sur la vie quotidienne. Et ça ne date pas d’hier. C’est au nom d’un maoïsme d’opérette et d’une appétence insatiable à casser du communiste siglé PCF qu’il a fait son Mai 68. Il était de ceux qui appelaient à mettre Paris à feu et à sang. Casqué, camouflé derrière un foulard, il n’a pas dû céder sa place quand il s’agissait de balancer un pavé ou un cocktail Molotov sur la police. Ce fameux printemps passé, l’Assemblée nationale pleine comme un œuf de députés de droite portés par la peur de la France profonde, il est passé à autre chose…

Quelques années plus tard et de solides études économiques en poche, il a retourné définitivement sa veste Mao et troqué son Levi Strauss devenu trop étroit pour un trois-pièces conforme à son rôle de business man [1]. Il épousa la cause capitaliste avec une telle ardeur que ses pairs le portèrent à la tête du Medef, le syndicat du patronat. «  Le profit d’abord  » est désormais sa philosophie.

Avec lui, la fin justifie tous les moyens, notamment «  de défaire méthodiquement le programme du CNR » (Conseil national de la Résistance) élaboré par les patriotes sous l’Occupation. Nous devons à ce programme la Sécurité sociale, la retraite par répartition, la mise en place de grands services publics et encore la place des syndicats comme partenaires. Notre apôtre du grand bond en arrière est aussi celui de la liberté absolue pour les patrons de s’emparer des fruits du travail d’autrui. Il milite dur pour le camp des prédateurs.

Celui de Carlos Ghosn, ex-PDG de Nissan et Renault qui, non content d’encaisser un salaire annuel moyen de 13 millions par an, a pillé le travail des salariés pour s’offrir le château de Versailles pour son mariage, détourné des millions d’euros pour arroser sa famille ou se construire des demeures fastueuses. Dans ce clan, on trouve aussi François-Henri Pinault, PDG de Kering, qui a touché 21,8 millions d’euros en 2018, et le PDG d’Airbus Tom Enders qui va quitter son fauteuil patronal plus riche d’une prime de 36,8 millions d’euros.

Des complices au plus haut niveau de l’État

Pour cette horde des prédateurs, la règle est simple : l’entreprise tourne bien, tu rafles (voir ci-dessus). L’entreprise va mal, tu rafles quand même. Ainsi Thierry Pilenko, président de la société pétrolière TechnipFMC, a plombé les comptes de celle-ci par ses choix managériaux. Qu’importe, il s’est versé 14 millions au titre d’indemnités diverses !

Cette meute tient ses complices au plus haut niveau de l’État où le Président et ses ministres s’emploient à lui livrer nos biens nationaux, comme on le voit avec la tentative de privatisation de Aéroport de Paris qui apporte chaque année des milliards d’euros dans notre grande caisse commune.

Et pendant ce temps huit millions d’entre nous vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Des centaines de milliers de nos compatriotes enfilent des gilets ou brandissent des pancartes pour faire entendre leur colère de vivre mal et de devoir faire face à un avenir menaçant alors qu’ils produisent des richesses comme jamais. Selon un rapport de l’OCDE, le pouvoir d’achat des classes moyennes s’est réduit. En cause : des dépenses de logement, de santé et d’éducation qui grimpent.

Si un candidat aux élections européennes appelle à changer de propriétaires pour mettre fin au pillage et établir l’Égalité, n’hésitez pas à voter et à faire voter pour lui.

Notes :

[1(1) Patron de la société de réassurance SCOR, Denis Kessler a touché près de 9 millions en moyenne au cours des trois dernières années.