A 80 ans, Giuseppe Verdi compose Falstaff, son dernier opéra, une comédie d’une originalité, d’une virtuosité et d’un raffinement musical comme il n’en a jamais écrit auparavant. En 1893, c’est déjà l’opéra de demain c’est-à-dire celui d’aujourd’hui. Ajoutons à cela que Verdi dispose du texte très enlevé, haut en couleurs, d’Arrigo Boïto, écrit d’après Les joyeuses commères de Windsor de Shakespeare. Autant d’ingrédients à même de titiller l’imaginaire du comédien, et ici metteur en scène, Denis Podalydès, fin connaisseur de Shakespeare, qui surprend son monde en situant l’entièreté de l’action dans une chambre collective d’hôpital. Falstaff, héros ventru vieillissant et malade, nous apparaît donc échoué sur un lit médical mais que l’on ne s’y méprenne, le baryton Tassis Christoyannis qui occupe avec faconde le rôle-titre, aura vite fait de nous montrer que le bonhomme bibendum reste plus vif que mort et toujours vert ! S’ensuit une suite d’aventures et mésaventures plus piquantes et croustillantes les unes que les autres menées tambour-battant par notre héros, ses deux acolytes en ivrognerie Bardolfo (Loïc Félix, ténor) et Pistola (Damien Pass, baryton basse) et une belle ribambelle de commères expertes en infirmerie, rouerie et malices, à commencer par la très convaincante entremetteuse Mrs Quickly (Silvia Beltram, mezzo-soprano). Tout passe et repasse à vive allure ; ça s’enchaine et se déchaine sans le temps de dire ouf ! Et nous aurons même droit à une dissection en bonne et due forme de la panse du héros malheureux. On notera, en contrepoint, la fraicheur exicante du jeune couple amoureux Nanetta (Clara Guillon, soprano) et Fenton (Kevin Amiel, ténor). Le chef italien Antonello Allemandi mène la danse avec la vivacité qui convient à la tête de l’Orchestre National de Lille.
Nouvelle production à l’opéra de Lille jusqu’au 24 mai et retransmission en live dans les Hauts de France le 16 mai à 20h (voir ci-après)