La pénurie de médicaments engraisse les labos

par Philippe Allienne
Publié le 12 juillet 2019 à 16:32 Mise à jour le 17 juillet 2019

Alors que la ministre de la Santé Agnès Buzyn se fend de bons conseils pour bien vivre l’été (attention, il fait chaud, découvrez-vous !), alors que la même ministre s’applique à dérembourser les médicaments homéopathiques (il faut faire des économies), voilà que ressurgit la question de la pénurie des médicaments.

Le phénomène n’est pas nouveau. Il est même en augmentation depuis dix ans et porte en 2019 sur plus de 1200 traitements ou vaccins. Les pharmaciens ne savent plus que faire pour répondre à la demande de leurs confrères en rupture. Les patients doivent passer des commandes via des amis éloignés ou via la famille qui vit dans une autre région de France. Mais les faits sont têtus. La pénurie concerne des antibiotiques, des vaccins, des traitements anticancéreux ou contre la maladie de Parkinson. En France, en 2019, un Français sur quatre affirme avoir été en difficulté pour se procurer un médicament d’usage courant.

En cause ? La main invisible du marché ! Autrement dit, le libéralisme qui dévore la planète. Ceux qui en profitent : les gros laboratoires engagés dans la mondialisation. Ces labos n’hésitent pas à délocaliser des productions à flux tendus et à bas coût dans le sud-est asiatique. Les grossistes quant à eux, préfèrent vendre à des pays qui paient mieux. Heureusement, la vaillante ministre de la Santé a sorti une arme de guerre massive pour remédier aux ruptures de stocks. Certes, elle avoue qu’il ne s’agit que d’un « plan provisoire ». Accrochons-nous : il s’agit d’abord de « promouvoir la transparence et la qualité de l’information ».

De quoi s’agit-il ? Tout simplement de généraliser une plateforme qui permet aux pharmaciens de signaler les ruptures d’approvisionnement au laboratoire concerné. Dans l’autre sens, les laboratoires vont donner aux pharmaciens une « date approximative » de prochaine disponibilité de ces médicaments. On croit rêver. Second axe : grâce à la loi Santé qui doit être adoptée fin juillet, les pharmaciens pourront remplacer le médicament indisponible par un autre. Ah bon ? Et qu’en pense le médecin qui a rédigé l’ordonnance ?

Troisième axe : on va sécuriser l’approvisionnement des médicaments d’intérêt thérapeutiques majeur à fort risque de pénurie. Génial ! Oui mais comment ? En établissant une cartographie des sites de production de matières premières pharmaceutiques et de médicaments. On va aussi améliorer les procédures d’achat hospitalier. Tiens donc...

Quatrième axe : on va penser à une meilleure coopération européenne en poursuivant les discussions sur les achats groupés. Ça alors ! Il y avait des discussions pour réaliser des achats groupés entre pays membres ! Que n’y avait-on pensé ? On va aussi réfléchir à un partage d’information sur les situations et les causes des pénuries à l’échelle européenne.

En clair, le docteur Buzyn propose du diagnostic pour apporter des réponses que l’on connaît déjà. Les labos peuvent continuer à s’engraisser. Gageons que leurs patrons mourront en bonne santé. Quant aux malades...