Le bruit de bottes au Chili ravive d’affreux souvenirs

par Philippe Allienne
Publié le 25 octobre 2019 à 09:44

Le claquement des bottes militaires, à Santiago du Chili et dans de nombreuses autres villes du pays, résonne étrangement. Pour celles et ceux qui étaient encore lycéens, étudiants ou jeunes travailleurs en 1973, le coup d’État du général Pinochet restera le symbole de la force impérialiste états-unienne contre le progressisme.

Certes, le Chili n’était pas le seul pays d’Amérique latine à ployer sous une dictature militaire et une contre-révolution anti-marxiste. À partir de 1954, les États-Unis avaient décidé d’interdire toute tentative de gauche. Pour eux, l’ennemi juré était le communisme. Pour le combattre, les dictateurs locaux ont installé la doctrine dite de la « sécurité nationale ». Ce fut le cas pour le Brésil, dès 1964, avec le départ forcé de João Goulart soupçonné de vouloir « cubaniser » le pays.

Soutenue par les industriels, les propriétaires terriens et les classes moyennes, l’armée a eu raison de lui. Tandis que le Pérou était tombé en 1968 sous le coup d’État d’Alvaredo, la Bolivie a été soumise au général Banzer, de 1971 à 1978, qui a appliqué la doctrine de la sécurité nationale. L’ensemble du cône Sud va succomber. L’Équateur, l’Uruguay, l’Argentine de Videla, le Chili bien sûr.

Le cône Sud et anticommuniste mettra en œuvre la terrifiante opération Condor. Au Chili et en Argentine, l’application des théories ultra-libérales de l’École de Chicago a commis des dégâts considérables. précarité tandis que les grandes familles continuent à s’enrichir et à le léser. L’augmentation du ticket de métro a mis le feu aux poudres. Mais les attentes vont bien au-delà.

Piñera n’entend que d’une oreille, et encore. Surtout, il adopte une attitude et un langage très proches de ceux de Pinochet. Il décrète un couvre feu et affirme : « nous sommes en guerre contre un ennemi puissant, implacable, qui ne respecte rien ni personne et qui est prêt à faire usage de la violence et de la délinquance sans aucune limite ». Du Pinochet dans la lettre, ou presque, dans l’esprit tout à fait. Jamais, depuis la fin de la dictature, les bottes n’avaient martelé les rues des villes chiliennes. La différence avec le dictateur des années 70 et 80 est pourtant énorme : Sebastián Piñera a été élu par le peuple.

Ce dernier risque de ne pas lui pardonner de marcher dans les pas du brésilien Bolsonaro. Un rassemblement solidaire avec le Chili est prévu ce vendredi 25 octobre à 18h30, Place de la République, à Lille. C’est tout cela que la brutalité actuelle de Piñera, face aux revendications du peuple chilien, nous rappelle aujourd’hui. Comme s’il n’avait rien d’autre à proposer en termes de santé, d’éducation, de retraites, de salaires. Le peuple vit dans la précarité tandis que les grandes familles continuent à s’enrichir et à le léser.

L’augmentation du ticket de métro a mis le feu aux poudres. Mais les attentes vont bien au-delà. Piñera n’entend que d’une oreille, et encore. Surtout, il adopte une attitude et un langage très proches de ceux de Pinochet. Il décrète un couvre feu et affirme : « nous sommes en guerre contre un ennemi puissant, implacable, qui ne respecte rien ni personne et qui est prêt à faire usage de la violence et de la délinquance sans aucune limite ». Du Pinochet dans la lettre, ou presque, dans l’esprit tout à fait. Jamais, depuis la fin de la dictature, les bottes n’avaient martelé les rues des villes chiliennes. La différence avec le dictateur des années 70 et 80 est pourtant énorme : Sebastián Piñera a été élu par le peuple. Ce dernier risque de ne pas lui pardonner de marcher dans les pas du brésilien Bolsonaro.

  • Un rassemblement solidaire avec le Chili est prévu ce vendredi 25 octobre à 18h30, Place de la République, à Lille.