Le monde parfait de Macron

par Philippe Allienne
Publié le 20 septembre 2019 à 11:08

S’il est une chose que nous voudrions, nous communistes, nous voir subtiliser, c’est le slogan « L’Humain d’abord ». Du reste, ce n’est pas un simple slogan, c’est en soi un projet de société. Quoi de plus beau que de faire de l’humain une priorité ? Alors oui, ce serait bien que chacun se l’approprie pour en faire une réalité.

Ne rêvons pas. L’humain n’est une priorité ni pour le capitalisme, ni pour le libéralisme économique qui nous étranglent. L’humain n’est certainement pas une préoccupation, fut-elle mineure, de l’acte II du gouvernement Macron-Philippe. Pas plus qu’elle ne l’était dans l’acte précédent.

Deux exemples cruels du calendrier et de l’actualité politiques le démontrent. La réforme des retraites que l’on tente de nous présenter comme une volonté de justice, va engendrer une catastrophe sociale. On lira, dans notre dossier de cette semaine, le désarroi de celles et de ceux qui, ayant peu, vont perdre beaucoup. Cela ne revêt rien de neuf. Les gouvernements successifs, depuis 1995, et les technocrates qui les servent, n’ont de cesse de vouloir réduire la part des retraités dans la distribution du revenu national. Pour l’équipe d’Emmanuel Macron, c’est l’urgence comptable qui fait priorité.

La CSG en 2018, la sous indexation en 2019 puis en 2020. Pour ces spécialistes froids et raides, les retraités ne sont pas malheureux et il faut penser aux nouvelles générations. Alors, on leur prend ce qui leur revenait de droit. Macron sait de où il vient. Avant même de rejoindre l’équipe de François Hollande, il était très sensible à ceux qui murmuraient que le système social est allé trop loin en faveur des seniors. Mais qui mieux que lui pouvait trahir, avec autant de cynisme, la promesse faite aux retraités ?

La réforme confiée à Jean-Paul Delevoye va parfaire une œuvre de destruction massive. Il faut la refuser. Il faut, le 24 septembre, le gueuler dans la rue. Si seulement le rapport de force pouvait se rétablir en faveur des plus faibles. Second exemple : l’immigration.

On le sait bien encore plus depuis le dernier épisode de Grande Synthe : on ne vire pas les immigrés, on les met à l’abri. On les « déplace » pour leur sécurité. Au-delà de ce triste passage (la société idéale de Damien Carême prêt à désobéir à l’Etat est à présent bien loin !) il faut encore voir la vision d’Emmanuel Macron.

Qu’attendre d’un libéral tel que lui ? C’est donc sans surprise qu’on le voit marcher dans les pas de l’extrême droite en s’attaquant à ce qu’il nomme le « détournement » du droit d’asile. Ce faisant, il confond allègrement les quelques demandeurs de ce droit et les mouvements de population qui, quoi que l’on pense, vont aller croissant. Mais, comme le rappelle si bien le président, « on ne peut accueillir tout le monde ».

Les retraités et les immigrés : deux témoins gênants pour le libéralisme tel qu’il a commencé à se développer avec l’ École de Chicago, au Chili, en Argentine, aux États-Unis, au Royaume-Uni, etc. A l’heure où l’on se souvient de l’assassinat de la démocratie au Chili par ce même libéralisme, il faut admettre qu’Emmanuel Macron demeure le premier de la classe, celle que dirigent, de leur enfer argenté, les Milton Friedman et autre Friedrich Hayek...