Les câlins d’Agnès

par Philippe Allienne
Publié le 7 juin 2019 à 15:55

Sur Inter, la radio nationale, bien tenue pour un service public, l’autre matin, c’était madame Buzyn, ministre de la Santé de son état, qui s’ébaudissait. Le journaliste, gentil, à la voix pleine de miel, tentait de lui expliquer qu’elle était porteuse d’une image de goooôche.

Même elle, n’arrivait pas à le croire. C’est sûr, elle rougissait. Flattée qu’on la flatte autant. Ou pire, gênée qu’un tel mensonge soit proféré sans renforts d’attachés de presse ou de passeurs de mots aux ordres. Ou les deux, ou pas. Car le confrère, de bonne foi, essayait sûrement de semer l’émoi dans ce cœur froid. Enfin froid... Qui ne réagit pas à tout de la même façon disons. Car, sur la morale, les deux se rejoignent, la ministre et le journaliste. Et fin des sourires pour la ministre prête à tout pour ne rien lâcher, mais avec le sourire.

Car, rendez-vous compte, des infirmières plutôt que de faire grève et de venir travailler quand même, des infirmières vous dis-je ont préféré se porter pâles, certificat médical à l’appui. Cris d’orfraie, atteintes au sacro-saint droit de grève, indignations outrées.... Tout bien pesé pour ces gens de bonne compagnie, chez lesquels la grève n’est admise que si elle est dans le bon ton, d’un coup les infirmières détonnent.

« Il y avait peu de cerveaux autour de Wauquiez, son départ accentue leurs fuites. »

Mais des policiers, qui vont signifier à une heure du matin, à des urgentistes fatigués, en grève, qu’ils devront être présents à 7 h pour prendre leur service quand même, réquisitionnés qu’ils sont. Là, non, pas trop d’indignations. Les cris s’étouffent dans la gorge, ne sortent pas. Et d’un seul coup, en écoutant la radio, un peu de poésie passe : Valérie Pécresse vient de démissionner. Sarah Bernard remonte sur scène, Dalida est ressuscitée. Vanessa Paradis a des seins... Un miracle ! Il y avait peu de cerveaux autour de Wauquiez, son départ accentue leurs fuites. Et voilà la droite républicaine obligée de réfléchir, entre Jacob, l’énervé, et Larcher, le débonnaire. Valérie Pécresse a-t-elle entendu les anges ?

Voilà donc que face aux affairistes macroniens, la droite se décide enfin à redéfinir son projet politique. Tourneront-ils le dos aux sirènes d’alarme qu’a laissé allumées en partant le défroqué Wauquiez ? Il est long le chemin vertueux du débat d’idées mais il faudra bien s’y coller pour échapper à la vague brune qui se nourrit des haines et des divisions bien mises en scène sur l’échiquier médiatique. Vivement de vrais débats où les points de vue diffèrent et s’expriment. Que finissent vite ces blablas informes d’où n’émergent qu’éructations et injures publiques. Et puis, un bon débat à la télé enfin... On peut rêver ?