Mensonges d’État et casse du mouvement social

par Philippe Allienne
Publié le 10 mai 2019 à 11:46

L’évolution de la République aux couleurs du président Macron et de son équipe fait peur. Sans sombrer dans la paranoïa, moins encore dans le complotiste, nombreux sont ceux qui (nombreuses aussi sont celles qui) font part de leurs interrogations et de leurs inquiétudes. La manière dont le pouvoir incarnépar Emmanuel Macron et son Premier ministre conduit les réformes est inédite. Les ordonnances imposées à partir de 2017 ont tout de suite donnéle ton.

La destruction du code du travail, du modèle de logement social, de la solidarité, de la cohésion sociale, de la sécuritésociale, de la couverture chômage, du système de retraite, etc., sont autant de signes dangereux pour l’avenir de notre sociétéet de notre démocratie. Rarement jamais on vit pareil acharnement sous cette Vème République.

Aux manettes depuis deux ans, le macronisme s’affirme comme un vrai projet anti-social. Les réformes régressives et les pieds de nez aux corps intermédiaires (organisations syndicales, associations...) montrent une orientation et une détermination froide vers une société libérale qui ignore délibérément l’humain. L’émergence du mouvement social qui restera connu comme celui des « Gilets jaunes » a révélé une nouvelle phase de la méthode Macron. Une phase qui s’appuie résolument sur la répression.

Aucune voix, au sein du gouvernement et de sa majorité parlementaire ne s’est élevée contre les violences policières de ces derniers mois contre les Gilets jaunes. Pire, le ministère de l’Intérieur, soutenu par l’Élysée, justifie cette violence et fustige celle des manifestants. Au besoin, il triche, il truque, il ment comme un horaire SNCF.

L’actuelle porte-parole de Matignon, Sibeth Ndiaye avait clairement poséles règles de ce très piètre « mentir vrai » lorsqu’elle était à l’Élysée. Depuis, les choses vont bien plus loin. Les mensonges d’État deviennent une seconde nature pour l’équipe d’Emmanuel Macron, avec une mention spéciale pour le ministre de l’Intérieur. L’art et la manière dont Christophe Castaner fait preuve pour démolir les manifestants soulignent àquel point il est devenu primordial, pour le gouvernement, de réduire le mouvement social, et toute contestation en général, jusqu’àl’anéantissement.

Pour cela, on autorise (ou plutôt on n’interdit pas) les forces de l’ordre àeffectuer des tirs tendus et à viser au visage pour défigurer, voire tuer. Le but est de faire peur, mieux, de terroriser. « Il faut terroriser le terrorisme » assénait Charles Pasqua en 1995. Aujourd’hui, le macronisme veut terroriser les revendications sociales et le mouvement qui va avec. Pour ce faire, il veut instaurer la peur.

La peur de devenir infirme ou défiguré, la peur de mourir sur le bitume pour ses idées ou pour mieux vivre. Alors, il utilise l’arme fatale. Non pas le LBD, mais le mensonge. Celui qui consiste àaffirmer, par exemple, que des manifestants ont attaquéun hôpital alors que, affolés, ils cherchaient simplement refuge. Cela donne lieu àla construction d’une « nouvelle fausse » qui, une fois exploitée par les médias, sera retournée contre eux. Ainsi, de victime on passe pour auteur du crime : le média et le citoyen sont accusés de divulguer des fake-news par ceux-làmêmes qui les ont fabriquées. Et pendant ce temps là, la machine àdétruire le modèle social poursuit sa marche pour le plus grand bien de l’ordre libéral.