Les maires ruraux dénoncent cette surdité et ont vainement demandé que l’on suspende « toute réorganisation de service public » pendant que se déroule ce grand débat. Ils s’inquiètent, et on les comprend, pour l’avenir sur leurs territoires des écoles, des hôpitaux, des maternités, du transport ferroviaire, des trésoreries, des bureaux de poste, etc.
Ils s’inquiètent également face aux projets de réorganisation territoriale « non voulus par les élus et les habitants ». Cela concerne notamment les desseins de fusion des départements et des métropoles voulus par Emmanuel Macron pour Bordeaux, Toulouse, Nantes, Nice et… Lille qui vient heureusement d’y échapper au grand soulagement du Conseil départemental du Nord.
Cette politique qui veut la peau des services publics en aggravant encore les difficultés des populations rurales, se poursuit en l’absence - souvent - de toute concertation. « Pendant le débat, la démolition continue », dénonce ainsi l’Association des maires ruraux de France.
Dans sa lettre aux Français, publiée le 13 janvier, le chef de l’État se demande s’il faut « supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ». La ministre de la Cohésion des territoires lui emboîte le pas en appelant à « hiérarchiser ce qu’on entend par service public » et en rejetant une « vision du XXe siècle ».
En même temps, le gouvernement semble peu pressé de s’atteler à l’amélioration des mobilités. On constate la même chose quant à création, à laquelle il semblait favorable, d’une agence nationale de cohésion des territoires. Cette idée part du principe que l’égalité entre les collectivités et entre leurs habitants n’existe pas dans de nombreux territoires, ruraux ou urbains. L’objectif est d’établir une meilleure écoute des territoires et de les aider à développer leurs projets. Pour l’État, qui a mieux à faire, l’urgence est ailleurs.