L’extrême droite la plus bête du monde

par JEROME LEROY
Publié le 3 février 2023 à 13:49

Alors qu’un immense soulèvement populaire du peuple français se fait jour contre la réforme des retraites, l’extrême droite ressasse ses tristes obsessions ethniques et son révisionnisme historique. Ça a commencé le 21 janvier, à propos de l’anniversaire de la mort de Louis XVI. Il fallait les voir se couvrir la tête de cendres parce qu’on avait, il y a plus de deux siècles, fait rouler la tête de Louis XVI dans la sciure. Étant viscéralement opposé à la peine de mort, je n’aurais pas voté la mort du roi, de toute manière, pour deux raisons : 1) Éviter, deux cents ans plus tard, les pleurnicheries d’une droite qui n’a jamais digéré les Lumières, puis la Révolution, puis la Commune. La droite CNews, pour aller vite. 2) La monarchie aurait été infiniment plus démythifiée si, comme les Chinois qui n’ont pas tué leur dernier empereur pour en faire un jardinier, nous avions fait de Louis Capet ce qu’il avait toujours rêvé d’être, un serrurier. Il aurait sans mal supplanté Fichet. « T’as perdu tes clés ? Appelle Capet ! Maison Capet et fils, Faubourg du Temple. À votre service depuis 1793. » Mais ils ont continué la semaine suivante en célébrant la sortie d’un film, Vaincre ou mourir, qui raconte les exploits du général chouan Charette. On pourra regretter les cinq pages (excellentes au demeurant) consacrées par Libé à ce navet de cape et d’épée à usage des crânes de pioche des différentes milices identitaires, parce qu’elles ont provoqué un bel effet Streisand. L’effet Streisand, en communication, c’est attirer l’attention sur quelque chose qui serait passé inaperçu, c’est faire une publicité involontaire. Ce film, Vaincre ou mourir, est co-produit comme par hasard par le Puy Du Fou, c’est-à-dire par Philippe de Villiers, et aussi par le milliardaire breton Bolloré, catho radicalisé dont on ferait bien de casser un peu les appétits médiatico-éditoriaux. Le but idéologique de cette daube, donc, c’est de tracer un continuum entre la Convention et Pol Pot en passant par Staline, histoire de discréditer et de criminaliser l’hypothèse communiste en vous expliquant que tout était déjà dans Marx et que, donc, réclamer aujourd’hui une augmentation du Smic ou refuser de travailler jusqu’à 70 ans, c’est déjà préparer le Goulag. Mais rassurons-nous et répétons-le : cette extrême droite là n’a plus les moyens de ses ambitions. Ses « penseurs » s’appellent Zemmour ou Franck Ferrand, qui a appris l’histoire en remplissant les grilles de mots croisés d’Historia. Leurs écrivains n’ont plus l’influence qu’ont pu avoir les Hussards des années 50 qui étaient infiniment pus drôles et talentueux. Ils en sont réduits à agiter les fantômes d’un passé réécrit, à mentir en parlant d’un génocide en Vendée pendant la Révolution ou, aujourd’hui, à élaborer des théories fumeuses et racistes comme le « grand remplacement ». Inutile de dire qu’une telle déconnexion avec les préoccupations de nos concitoyens prouve, et c’est une bonne nouvelle, que nous avons en face de nous l’extrême droite la plus bête du monde.