Pour une fois que ce n’est pas la faute du communisme...

par JEROME LEROY
Publié le 22 mars 2019 à 16:55

On a fêté, si on peut dire, en ce mois de mars 2019, le huitième anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima. C’est la pire de l’histoire. Les spécialistes s’accordent aujourd’hui pour dire que sa gravité est bien supérieure à celle de Tchernobyl.

Vous vous souvenez de Tchernobyl, en 1986 ? L’URSS existait encore et pour les médias occidentaux, à l’époque, c’était clair et net : l’accident de Tchernobyl prouvait à quel point le système soviétique était en pleine déliquescence. Il n’y avait pas besoin de gratter bien loin pour entendre le message subliminal : c’était la faute du communisme. Tout est toujours la faute du communisme, c’est bien connu. A écouter la sale petite musique relativiste qui se joue depuis quelques années, il y aurait même un signe égal à mettre entre le communisme et le nazisme. Ça date depuis Le livre noir du communisme, dirigé par le sinistre Stéphane Courtois en 1997.

Cet homme-là avait compté avec quelques acolytes les morts dus au communisme. Il arrivait à une fourchette dont on mesurera le sérieux : entre soixante-cinq et quatre-vingt-cinq millions de morts. On n’est plus à ça près. Remettez m’en une louche. Même des gens qui avaient participé à ce bouquin avaient exprimé leurs désaccords par la suite. Le problème, en effet, c’est que Stéphane Courtois, comme tous les anti-communistes, avait tendance à compter comme victime du communisme tous les gens ayant vécu sous un régime communiste. En fait, la méthode est assez simple et efficace. Par exemple, si vous mouriez dans un accident de la route en 1967 sur une route entre Minsk et Moscou, vous étiez une victime du communisme et la faute en revenait à Brejnev, mais si vous mouriez à la même époque sur une nationale entre Valenciennes et Maubeuge, là, c’était la faute de « pas de chance ».

Discrétion de violette

D’ailleurs, assez bizarrement, on n’arrive jamais à savoir ce que pensent les anti-communistes des morts soviétiques de l’Armée rouge qui ont raccompagné à coup de pompe dans le train les nazis jusqu’à Berlin en libérant Auschwitz au passage. Si d’ailleurs vous voulez clouer le bec à ce genre de tête de mort qui vous explique que Staline et Hitler, c’était pareil, faites leur juste remarquer au pas-sage que ce sont les nazis qui ont construit le camp d’Auschwitz mais les Soviétiques qui l’ont libéré. Cette différence-là, on aura beau faire, il y a pas mal de gens qui s’en souviennent encore.

Le rapport avec Fukushima et Tchernobyl, me direz-vous ?

J’y viens, j’y viens... Alors que les médias n’étaient pas loin de présenter Tchernobyl comme un nouveau crime du communisme, quand Fukushima s’est déclenché,on n’a jamais mis en cause l’économie de marché.

Et pourtant... Un tremblement de terre,puis un tsunami qui provoque la catastrophe, vu comme ça le libéralisme es hors de cause. Sauf qu’on reste d’une discrétion de violette sur le fait que la centrale nucléaire avait été confiée à un opérateur privé du nom de Tepco. Et qu’un opérateur privé, en bon capitaliste, il veut un retour sur investissement. Il est d’accord pour tout privatiser, même les prisons comme aux États-Unis et même les centrales nucléaires comme au Japon. Évidemment,à condition que ça rapporte. Et pour que ça rapporte, il faut limiter les coûts.

Le problème, c’est que limiter les coûts dans une centrale nucléaire, c’est comme vouloir limiter les coûts dans le transport aérien. On met des vies humaines en jeu,celle des salariés mais aussi celle des usagers. Tepco, l’opérateur japonais, c’était un peu l’Uber de la fission, le Ryan Air de l’uranium enrichi. Il avait étudié en 2008 les conséquences d’un tsunami sur la centrale de Fukushima, mais comme c’était trop cher et que ça n’aurait pas plu aux actionnaires, il avait laissé tomber. Aujourd’hui Tepco, reconnu coupable de négligence, est nationalisé depuis 2012. Nationalisation ? Mais c’est un truc de communiste, ça, non ?

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