Donc, c’est la guerre

par JEROME LEROY
Publié le 10 mars 2022 à 17:09 Mise à jour le 11 mars 2022

Donc, c’est la guerre. Si je réfléchis à celles que j’ai connues depuis que je suis adulte, et auxquelles la France a été mêlée de près ou de loin, je me dis que ça en fait tout de même un certain nombre. Il y a d’abord eu la première guerre du Golfe. On a envoyé des soldats pour aller combattre les troupes de Saddam Hussein en 1991, aux côtés des Américains. Je me souviens que j’avais manifesté contre cette guerre et que Chevènement avait démissionné. À l’époque, il ne faisait pas bon être contre l’intervention au Koweït. Ensuite, il y a eu les guerres en Yougoslavie. Ça a duré une bonne partie des années 90. Là aussi, il y avait un ennemi : les Serbes. On n’avait pas trop le droit de nuancer. Le siège de Sarajevo, la purification ethnique en Bosnie : il y avait les bons et les mauvais, et les mauvais, c’étaient les Serbes. Quand il y a eu les procès au Tribunal pénal international, on s’est aperçu qu’il y avait eu des salopards des deux côtés, ou des trois, ou des quatre. Que dans une guerre civile, c’était toujours compliqué de voir les bons et les mauvais. Ensuite, nous sommes intervenus au Rwanda quand les Hutus ont commencé à génocider les Tutsis pour protéger… les Hutus. C’était sous Balladur. Il semblerait que, comme cela avait lieu en Afrique, on ait fait moins attention. Je passe la seconde guerre du Golfe en 2003, une vengeance personnelle de Bush fils pour finir le travail de son papa. Chirac et Villepin auront au moins eu ce mérite de ne pas nous embarquer dans cette expédition punitive. Ensuite, Sarkozy a voulu sa guerre en Libye. C’est entendu, Kadhafi était un monstre. Il n’empêche que depuis, la Libye, ce n’est toujours pas le pays de Candy. Je pourrais aussi parler du Mali où il semblerait qu’on ne soit plus très apprécié. Et maintenant, l’Ukraine. Il n’y a pas de doute, Poutine est l’agresseur. Mais s’il existe un point commun entre toutes ces guerres, c’est le bruit de fond médiatique. Depuis les années 90, on voit les guerres en temps réel, ou presque. Et ça bavarde pendant des heures sur des images. Il devient impossible d’échapper aux explications à la fois simplistes, « Poutine est fou », et embrouillées : en fait cette guerre est formidable, elle prouve que l’Union européenne existe ! C’est tout de même dommage de n’exister qu’en temps de guerre et non en temps de paix pour améliorer l’existence de ses habitants. Certes, cette fois-ci, j’ai appris une chose nouvelle. Apparemment, il est possible, très rapidement, de saisir les biens et les avoirs bancaires des oligarques quand ils sont russes. Alors je me demande pourquoi, excusez ma naïveté, ce n’est plus possible de faire la même chose avec les multinationales et autre GAFAM qui s’obstinent à ne pas payer les milliards d’impôts qu’ils doivent, chez nous, depuis des années.