En attendant le 7 mars…

par JEROME LEROY
Publié le 24 février 2023 à 16:07

La lutte contre la réforme des retraites aura fait apparaître des choses dont on se doutait déjà : le macronisme est le nouveau visage politique des intérêts du capitalisme. Envisagée uniquement d’un point de vue comptable pour gagner quelques dixièmes de points de PIB, histoire de faire plaisir à la Commission de Bruxelles et au FMI, cette réforme est en plus un scandale démocratique. Les macronistes vont contre l’immense majorité de l’opinion mais surtout tordent le bras au Parlement en imposant un temps limité aux débats et en se passant même du vote des parlementaires. Mais ce qu’elle a fait apparaître, aussi, c’est le silence de cette « gauche » qui préfère la guerre des sexes et des races à la lutte des classes. Eux-mêmes s’appellent les « wokes », les « néoféministes » ou les « intersectionnels » et ils s’opposent aux valeurs universelles de la gauche, par exemple à la laïcité. On hésite, à gauche, à les attaquer parce que la droite réactionnaire le fait déjà. On a tort. Les intersectionnels et les wokes, parlent à longueur de temps et souvent sur ce ton moralisateur et passif-agressif inimitable, culpabilisant au possible, de la nécessité de déconstruire les genres, du crime écologique que représente la consommation de viande, de questions aussi urgentes que l’accès ou non des transsexuels aux toilettes des femmes. Ils présentent leur combat comme politique et émancipateur mais ils sont aussi puritains que des grenouilles de bénitiers. Savez-vous, par exemple, qu’ils voudraient, comme cela a déjà commencé aux USA, contrôler les écrivains en les soumettant à des panels de « lecteurs sensibles » issus de communautés LGBT ou ethniques pour vérifier qu’il n’y a rien d’ « offensant » dans leurs livres ? Cela a un nom tout bête : la censure. Leur manière d’être au monde, à la politique, c’est d’abord par leur sexe et leur couleur qu’ils l’envisagent, avant même leur place dans les rapports de production. Eh bien tout ce petit monde-là, que l’on trouve hélas parfois à gauche chez les écolos ou LFI, heureusement de manière minoritaire, on ne les entend pas sur les retraites. Pourtant, cette réforme va faire prendre deux ans ferme à toute une population et pour le coup va transformer les carrières des femmes « de la deuxième ligne » en cauchemar. J’en déduis deux choses. La première, dont je me doutais, c’est qu’il s’agit en grande partie de petits bourgeois qui n’ont pas à porter de charges lourdes passé 50 ans. La seconde, c’est qu’en inversant la plupart du temps la priorité entre social et sociétal, ils sont les idiots utiles du RN. Mais je crois à la rédemption du pêcheur. Je suis sûr que le 7 mars, ils cesseront un instant de vérifier si, par hasard, La gloire de mon père ce n’est pas une apologie de la domination masculine et de la chasse, pour aider à stopper Macron et à sauver ce qu’il reste de l’État-providence.