Ineffable Bob : le retour

par Philippe Allienne
Publié le 25 juillet 2022 à 12:43

« Le propre de l’émission de David Pujadas, qui a l’expertise et la capacité d’encadrement et de maîtrise de l’antenne, c’est de donner la parole à toutes les opinions ». Voilà qui est si bien dit... par le directeur général délégué de la chaîne LCI, Fabien Namias. Ce dernier ne faisait qu’anticiper sur les réactions après l’annonce, le 8 juillet, de l’arrivée de Robert Ménard dans la grille de rentrée. Le maire de Béziers, réélu en 2020 grâce au soutien du Rassemblement national, tiendra une chronique (un billet) hebdomadaire. Voilà qui arrange bien LCI qui, jusque-là, était jalouse de CNews et de son chroniqueur facho Éric Zemmour. L’extrême droite peut elle aussi se satisfaire. Si l’un s’en va, un autre arrive sur les écrans. Quant à l’équilibre prôné par Fabien Namias, on peut toujours en parler. Bien conscient que le nouvel arrivant n’a cessé, ces dix dernières années, de faire la promotion de Marine Le Pen, LCI promet de décompter son temps de parole, au cas où... Mais surtout, le retour cathodique de l’ineffable Bob est entouré de propos très rassurants et insistants sur son virage politique. Le méchant RM serait devenu le gentil Bobby. Pour preuve : il a fait son mea culpa, chez Pujadas précisément, après les propos qu’il avait tenus sur les migrants syriens et irakiens. « (...) je regrette, (...) j’ai honte d’avoir dit et fait parce que ce n’était pas bien. » Na ! Ce n’est pas tout, il en viendrait presque à défendre, aujourd’hui, les pauvres députés de la Nupes face à l’agressivité des vilains macronistes !Alors, Bob ? Finie l’histoire avec le fascisme ? Difficile, impossible même d’y croire. Nous ne saurions oublier qu’en 2015, il a débaptisé, chez lui à Béziers, la rue du 19-mars-1962 (la date des accords d’Évian) pour lui donner le nom d’un partisan de l’Algérie française, le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc. Nous n’oublions pas non plus ces affiches odieuses, toujours dans les rues de sa commune, comme celle montrant un homme étranglant une femme pour décrire l’État étranglant financièrement les communes en diminuant les dotations. Ménard, c’est aussi la répression, les propos racistes (il est l’un des créateurs du site d’extrême droite Boulevard Voltaire), son admiration profonde pour le RN dans toutes ses composantes. Il est encore celui qui donnait des leçons aux journalistes algériens pendant la décennie noire du terrorisme, etc. Son comportement avec la presse française ne prête du reste pas à confusion. « Donner la parole à toutes les opinions ». Voilà qui est nouveau, surtout quand on ne peut que constater le positionnement de ces chaînes d’information continue qui accueillent et regardent l’extrême droite avec les yeux de Chimène.