Surréalisme roubaisien

par Philippe Allienne
Publié le 18 février 2022 à 10:29

En plein scandale des Ehpad privés qui touche notamment les groupes Orpea et Korian, la ville de Roubaix projetterait de privatiser les deux établissements publics actuellement gérés par le conseil communal d’action sociale (CCAS). Lors du conseil municipal du 3 février, la conseillère municipale communiste Christiane Fonfroide n’a pas dissimulé sa colère. C’est précisément parce que l’élue d’opposition siège également au conseil d’administration du CCAS qu’elle a découvert le projet lors d’une délibération intitulée « transfert des Ehpad Potennerie et Nouveau Monde ». La délibération en question est datée du 13 octobre 2021. On y rappelle les difficultés de recrutement, l’absentéisme du personnel, le déficit cumulé important des deux établissements. On y apprend également un audit interne et un plan d’action resté sans effet qui implique le transfert au privé des établissements pour lesquels il y a des repreneurs. Or, qui préside le CCAS de Roubaix ? Le maire Guillaume Delbar bien sûr. Comment se fait-il, est-on en droit de se demander avec Christiane Fonfroide, qu’il ne soit pas parvenu à obtenir les moyens financiers nécessaires pour réduire le déficit structurel de ces établissements ? Comme il nous y a habitué depuis longtemps, le maire se tait. Il ne répond pas quand l’opposition lui demande le contenu de l’audit qu’il a commandé à KPMG, le cabinet d’expertise comptable. Il ne répond pas quand on lui demande de communiquer le compte rendu de la commission d’appel d’offres ou de mise en concurrence qui a désigné l’opérateur de l’audit et qui serait repreneur des deux établissements. Droit dans ses bottes, le maire de Roubaix, écharpe bien nouée sur la poitrine, semble persuadé d’avoir toujours raison. Lui qui, il y a quelques jours seulement, se plaignait à juste titre de recevoir des menaces après le reportage télévisé sur sa ville, ne sait visiblement voir la souffrance autour de lui. L’opposition municipale lui reproche la fermeture des foyers- restaurants, la maltraitance des « chibanis » chassés de leur foyer logement. Aujourd’hui, le voilà confronté à un des problèmes les plus cruels du siècle : le traitement, ou plutôt le mal traitement, réservé à nos anciens. Dans la tourmente actuelle, cela relève du surréalisme.