Le blé du blé

Publié le 8 avril 2022 à 10:51

En 2012 déjà, Jean Ziegler, rapporteur spécial auprès de l’ONU sur le droit à l’alimentation, révélait que « seuls 2 % des contrats à terme portant sur des matières premières aboutissent désormais effectivement à la livraison d’une marchandise, 98 % étant revendus par les spéculateurs avant leur date d’expiration ». C’est ce qui se passe pour les produits céréaliers (dont le blé) qui sont ainsi devenus des sources de profits dans les mains de fonds de pension ou de banques qui jouent sur les variations de cours pour réaliser de juteuses opérations. Une tonne de blé peut ainsi être achetée et revendue une vingtaine de fois sans jamais bouger de place... « Ces acteurs n’ont pas de lien direct avec le secteur agroalimentaire, ils voient simplement dans les matières agricoles des actifs sûrs dans lesquels placer leur argent », nous explique un spécialiste du « trading ». À ce jeu morbide, il y a cependant un revers : c’est, au bout du compte, les populations qui paient ou qui, parfois, ne peuvent plus payer... et crèvent de faim.