Confinement et télétravail

par Philippe Allienne
Publié le 7 mai 2020 à 10:27

C’est une enquête importante et très intéressante que la CGT Ugict (Ingénieurs, cadres et techniciens) vient de rendre publique. Le syndicat a en effet enquêté sur les conditions de travail pendant le confinement.

Elle a établi un rapport sur la base de 34 000 réponses recueillies en ligne entre le 8 et le 24 avril. Celles-ci font notamment apparaître « la mise en place d’un télétravail en mode dégradé ». Comme l’a souligné le secrétaire général de la CGT, le 1er mai, on ne peut pas vraiment parler de « télétravail » dès lors que les salariés travaillent dans un coin de cuisine, dans le cadre familial et dans un univers peu propice à la concentration.

S’ajoute à cela l’utilisation d’un matériel personnel la plupart du temps, qu’il faut souvent partager avec le reste de la famille (l’enfant qui fait ses devoirs ou suit ses cours par internet), et suivant un horaire qui n’a rien à voir avec les horaires classiques de travail. Bref, résumait Philippe Martinez, le télétravail tel qu’il a été extraordinairement développé durant ces dernières semaines, et tel que l’on voudrait le voir se poursuivre dans les semaines ou les mois qui viennent, n’est pas encadré et ne correspond pas aux définitions légales.

Mais l’enquête de la CGT révèle aussi que 80 % des répondants ne disposent pas de droit à la déconnexion et un quart ne peut pas s’isoler, tandis qu’un tiers – en particulier des femmes – télétravaille tout en s’occupant des enfants. Au vu de ces résultats, la CGT s’inquiète, non sans raison, des risques psychosociaux que cela entraîne.

Anxiété et douleurs en hausse

« 35 % des télétravailleurs se plaignent d’une anxiété inhabituelle et près de la moitié de douleurs physiques », indiquent les résultats de l’étude, sans oublier une augmentation du temps et de la charge de travail pour 40 % des managers. La CGT appelle donc à « des négociations dans toutes les entreprises pour réguler le télétravail ». Ainsi, la crise sanitaire permet-elle de se souvenir, au cas où nous l’aurions oublié, que le travail ne doit pas être source de mal-être et encore moins d’isolement social. Le syndicat conclut que « le bilan de la généralisation du télétravail hors de tout cadre négocié démontre la nécessité de mettre en place systématiquement un accord d’entreprise ».

Les propos dithyrambique sur le télétravail comme panacée au confinement ne sauraient donc nous tromper. Mais la question du télétravail ne représente qu’un point du rapport d’enquête de la CGT (près de 80 pages) qui aligne égale- ment 60 propositions pour sortir durablement de la crise sanitaire, sociale, économique et environnementale. C’est dire si la sortie de crise pourra révéler des surprises. Rien ne sera plus comme avant, peut-être, mais nous avons intérêt à nous y préparer. Pour que cela ne devienne pire.

Retrouvez le rapport complet de l’enquête sur le travail pendant le confinement de la CGT Ugict.