De quelle démocratie nous parle le cas Griveaux ?

par Philippe Allienne
Publié le 21 février 2020 à 12:21

Le pathétique naufrage du candidat Griveaux aux municipales de Paris interroge beaucoup sur le type de démocratie qui caractérise ce septennat. Comment pouvait-il ignorer les risques d’une correspondance privée via internet ? Comment pouvait-il ignorer le pouvoir de nuisance de Piotr Pavlenski ? Peut- on croire que, comme Dominique Strauss-Kahn, incapable de maîtriser ses pulsions et ses addictions, il aurait commis un acte manqué pour être mis hors jeu ? Après la bataille cruelle et sans merci qui l’a opposé à Cédric Villani, après les soutiens dont il a bénéficié, après le ralliement de Mounir Mahjoubi, cette thèse est invraisemblable.

Ce triste épisode ne fait jamais que révéler la réalité de ce que l’on appelle la « macronie » . En déposant les armes, Benjamin Griveaux regrettait : « Hier, un nouveau stade a été franchi [...] Ma famille ne mérite pas cela. Personne, au fond, ne devrait subir une telle violence. » Cela, nous voulons bien le croire et le partager.

Pourquoi alors, juste avant et juste après être investi par LREM pour partir à la conquête de la mairie de Paris, se comporte-t-il de manière aussi suffisante et insultante envers ses collèges et adversaires au sein de sa propre formation ? Le député Agir (Centre-droit) dont il a le soutien, Pierre-Yves Bournazel ? Il « le tient par les c... » , le député de Paris (LREM) Hugues Renson ? « C’est un fils de p... » , les autres candidats ? « Il y a un abruti chaque jour qui dit qu’il veut être maire de Paris. » Et puis, très arrogant avant sa désignation : « Je sais exactement ce que l’on va faire et sur quel calendrier, mais ça, c’est entre le président et moi [...]. »

Tout est dit. Benjamin Griveaux, se targue d’être un des membres, peut-être le plus politique, de l’équipe de trentenaires qui a préparé le mouvement des marcheurs et permis la victoire d’Emmanuel Macron. Avec lui il y avait Stanislas Guerini, Cédric O, Emmanuel Miquel, Ismaël Emelien, des gens férus d’économie et passés par le QG de Dominique Strauss-Kahn en 2005.

Ils ont été nourris des discours de Michel Rocard ou de Pierre Moscovici. Ils sont plutôt Sciences Po ou HEC que ENA. C’était avant la primaire du PS. Plus tard, ils seront rejoints par Fleur Pellerin (future ministre de la Culture de François Hollande), Thomas Hollande (le fils du précédent), Sibeth N’Diaye, Adrien Taquet (l’inventeur du nom «  En marche !  »). Ils sont le creuset de la « macronie ». En cela, ils se sentent tout puissants. Comme Benjamin Griveaux. À l’image des marcheurs au pouvoir, et du président, il est persuadé que la France est une grande entreprise qui doit être dirigée et gérée comme telle. Sans état d’âme. Avec la certitude d’avoir toujours raison et de n’avoir rien à craindre de personne. Voire.