Démission ? Chiche ?

par Philippe Allienne
Publié le 12 juin 2020 à 09:48

Si l’Élysée oppose un démenti, la rumeur est tenace. C’est Le Figaro qui l’écrit : pour reprendre la main après la crise sanitaire, Emmanuel Macron aurait envisagé la possibilité de démissionner afin d’être mieux réélu et de retrouver une légitimité quelque peu écornée ! L’Élysée dément. C’est bien dommage. Nous aurions au moins pu rêver de lui donner la pâtée.

Voilà en tout cas, si cette information est vraie, qui montre une fois de plus l’arrogance du locataire de l’Élysée. Car, selon les infos du Figaro, il aurait confirmé cette éventualité à des interlocuteurs sollicités pour lui apporter des fonds. Et il l’aurait fait en ces termes : « Je suis sûr de gagner car il n’y a personne en face. » Personne ? Pas même le peuple des électeurs ? Serions-nous tous des veaux ? C’est drôle d’ailleurs, cette référence à de Gaulle qui tente aussi bien Emmanuel Macron que Marine Le Pen. Mais laissons là le général qui n’a rien demandé et qui aurait pu lancer un sentencieux : « Alors Macron ! On rêve ?! »

Laissons aussi le conditionnel. La réalité n’en a pas besoin. Elle suinte de cette édition qui manque de pages pour décrire la situation de notre industrie et de la casse sociale qui s’annonce. L’effet Covid-19 bien-sûr. Sauf que le désastre avait déjà bien mûri avant. 800 000 suppressions d’emplois, prédit Bruno Le Maire en personne. Le confinement et l’arrêt de l’économie, pour une grande part, y sont bien-sûr pour un grand quelque chose. Mais le libéralisme avait déjà commencé son sale boulot.

D’abord, les gouvernements précédents, nous l’avons maintes fois écrit, n’ont eu de cesse de démolir les conquis du Conseil national de la Résistance (les Jours Heureux et la Sécurité sociale...). Ils n’ont eu de cesse de démolir les services publics. Parmi ces services publics, il y a l’hôpital évidemment. Et là, durant cette méchante pandémie, les gens atteints par la Covid-19 ont approché la réalité de très près. Il savent maintenant, à coup sûr, que les revendications du personnel soignant n’étaient pas du luxe. Il en est allé de leur propre vie. Il savent aussi que les services publics en général sont tout aussi indispensables.

L’autre réalité qui s’impose : ce sont justement les plans sociaux sur fond de réformes antisociales prétendument mises entre parenthèses. Les libéraux vont revenir à la charge. Et puis, ce sont les applications de ces récentes dispositions, comme les accords de compétitivité qui détruisent le dialogue social. Des accords basés sur le chantage à l’emploi. Enfin (mais la liste n’est jamais fermée), la réalité c’est aussi cet aberrant « prêt de main- d’œuvre » qui permet de faire venir des travailleurs pauvres d’autres pays européens pour liquider, à bas coût, des ouvriers précaires (intérimaires notamment) qui eux-mêmes ne gagnent pas des fortunes.Alors OUI, Monsieur Macron, nous voulons bien de votre démission. Mais pour un mieux vivre de ce peuple qui s’est montré très digne durant cette vilaine période. Pas pour que vous aggraviez encore ses conditions de vie.