La France salue Super Trump au Proche-Orient

Publié le 14 février 2020 à 12:24

« La France salue les efforts du président Trump et étudiera avec attention le plan de paix qu’il a présenté. »

C’est, au lendemain de la présentation du «  plan de paix  » au Proche- Orient par Donald Trump et Benyamin Netanyahou, le début de la déclaration de la porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Ainsi, selon l’État français, l’un des présidents les plus belliqueux et racistes qu’ont porté les États- Unis aurait su trouver le deal du siècle pour ramener la paix au Proche-Orient, entre la Palestine et Israël. Il aurait trouvé LA solution, celle que l’on attend en vain depuis près de 27 ans, c’est-à-dire depuis les négociations d’Oslo de 1993.

Mieux, il serait la réponse à 70 ans de conflit si l’on se réfère à la création de l’État d’Israël, voire à 103 ans si l’on se réfère à la déclaration Balfour de 1917. En quelque sorte, Donald Trump est un héros. Un héros de BD qui, tel superman, met toute sa puissance au service du bien et délivre le monde des méchants. C’est d’ailleurs sans doute parce que l’on ne traite pas avec les méchants que le « plan de paix  » en question a été élaboré sans les premiers concernés : les Palestiniens. Poursuivons la lecture de la déclaration de la porte-parole française : la France « exprime sa conviction que la solution des deux États, en conformité avec le droit international et les paramètres internationalement agréés, est nécessaire à l’établissement d’une paix juste et durable au Proche-Orient ».

Mais précisément, de quel droit international parle-t-on ici ? De celui qui arrange exclusivement les intérêts américains et israéliens ? Comme le souligne si bien Elias Sanbar, ambassadeur auprès de l’Unesco, le plan de Donald Trump « abandonne la seule base pour avancer dans le conflit : le droit international » . Il rappelle d’ailleurs qu’un ancien négociateur américain lui avait avoué : « Nous n’aimons pas le droit international. » À l’évidence les États-Unis préfèrent un rapport de force entre occupés et occupants mais où ces derniers imposent leurs propres règles. C’est bien la manière dont les choses se passent et c’est bien ce que le président américain, avec la bénédiction de la France, cherche à faire entériner.

Le plan de Donald Trump ne fait rien d’autre que légaliser l’occupation israélienne, en soutenant l’annexion de toutes les colonies, et perpétuer le conflit. Il va plus loin en évoquant l’annexion de la vallée du Jourdain qu’il adosse à la promesse d’un supposé État palestinien fractionné et dépouillé de sa capitale Jérusalem et de toutes ses ressources. Ainsi considère-t-il comme acquis de faire de la Jordanie l’État palestinien.

Alors que les pays arabes voisins, comme la Syrie ou le Yémen, vivent un cauchemar quotidien, alors que l’on assiste à la disparition de pays arabes, Donald Trump et Benyamin Netanyahou œuvrent à une solution unilatérale. L’attitude de la France, qui parle d’« aspirations légitimes » des Israéliens comme des Palestiniens, n’est pas compréhensible.