La politique de Macron accroît le mal-logement

par Philippe Allienne
Publié le 31 janvier 2020 à 11:49

Si l’on cumule la baisse des APL (le coup de boule asséné aux pauvres par Emmanuel Macron dès la rentrée 2017, soit quelques semaines après son élection), le nouveau mode de calcul de ces allocations et la ponction opérée sur les bailleurs sociaux, le gouvernement sera parvenu à économiser près de 4 milliards d’euros. À ces mesures s’ajoutent les incitations à vendre une partie du parc social et à regrouper les bailleurs. Une économie faite sur le dos du logement social et du modèle qui le porte. Ce chiffre vient d’être cité par la fondation Abbé-Pierre à l’occasion de la publication de son 25ème rapport sur l’état du mal-logement en France.

Pour justifier ces coupes budgétaires, le gouvernement part du principe bien connu avant lui que la politique du logement coûte trop cher pour des résultats insuffisants. Mais le macronisme, qui entend aller toujours plus loin et plus fort dans le libéralisme, a franchi la retenue des gouvernements précédents. Jusque-là, en effet, on avait encore conscience qu’il ne fallait pas trop jouer avec les ménages pour qui le logement est le premier poste de dépense. Cela ne concerne pas que les plus modestes. Les classes moyennes sont également concernées. Or, le gouvernement a choisi un raisonnement purement budgétaire au détriment de l’humain. C’est oublier que le logement est un élément essentiel de la cohésion sociale. C’est omettre, observe Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé-Pierre, « son impact sur la santé, la scolarisation des enfants, le développement économique, le développement des territoires, le vivre ensemble... »

Or, la politique mise en œuvre à partir de septembre 2017 détricote le modèle de logement social en ponctionnant notamment les bailleurs de plus de 1 milliard d’euros par an afin qu’ils puissent mettre en œuvre la Réduction du loyer de solidarité (RLS) prévu dès la loi de finances de 2018. Cette RLS s’applique pour les locataires dont les ressources sont inférieures à un plafond, fixé en fonction de la composition du foyer et de la zone géographique. Cela vient en contrepartie de la baisse des APL pour les locataires concernés. Sauf que certains locataires n’en bénéficient pas et que les bailleurs peinent à rénover les immeubles HLM et à construire du neuf alors que le besoin est énorme. La production de HLM a ainsi chuté de 13 % en deux ans alors qu’il faudrait en construire « 150 000 par an, dont 60 000 abordables », dit encore Christophe Robert.

Si l’on tient compte à la fois du parc social et du parc privé, le mal-logement en France est de plus en plus préoccupant. Les personnes seules ont du mal à trouver l’appartement adapté avec un loyer convenable, la hausse des demandes de logement social ne permet pas de réponse satisfaisante, le poste dépense est insupportable pour les ménages pauvres, modestes, voire moyens, les expulsions vont bon train et les coupures d’énergie sont à la hausse. Quant aux catégories populaires, elles sont de plus en plus rejetées hors des centres-villes et trop loin de l’emploi.