La retraite à 62 ans ? Vous plaisantez !

par Philippe Allienne
Publié le 25 janvier 2019 à 10:38

L’échéance de la réforme des retraites approchant, il fallait bien reprendre la concertation. Parce que, oui, il existe une concertation entre le gouvernement et ce que l’on nomme bien mal les « partenaires » sociaux. Parce que, oui, cette concertation était suspendue. Pour cause de gilets jaunes paraît-il.

L’échéance de la réforme des retraites approchant, il fallait bien reprendre la concertation. Parce que, oui, il existe une concertation entre le gouvernement et ce que l’on nomme bien mal les « partenaires » sociaux. Parce que, oui, cette concertation était suspendue. Pour cause de gilets jaunes paraît-il.

Sérieusement, il n’est pas question pour le gouvernement de mettre de l’huile sur le feu et d’affoler les syndicats en montrant ses muscles. C’est la méthode adoptée depuis le début et suivie par le Haut commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye. On discute, on concerte, on échange. On réfléchit. On évite soigneusement d’évoquer un possible recours aux ordonnances. C’est inutile, puisque la « concertation » doit accoucher d’un système qui sera «  plus juste », débarrassé des 42 régimes existants au profit d’un «  système universel  » et qui ne créera pas de « déséquilibre financier ».

Pour le reste, il s’agit bien de mettre en place un système par points où l’on ne comptera plus les annuités (43 requises actuellement).

Lorsqu’il avait lancé sa concertation, en septembre dernier, Jean-Paul Delevoye avait affirmé que l’âge légal de départ à la retraite resterait bien à 62 ans. Nous avions alors parfaitement compris que, dans les faits, les salariés partiraient à 63 ans, voire beaucoup plus tard, afin de pouvoir vivre de leur pension.

La relance des débats, ces jours-ci, évoque plutôt un départ à 64 ans ! Et beaucoup plus si l’on veut vivre mieux. Tout sera fait, effectivement, pour dissuader les salariés de partir à 62 ans. Pour les inciter à partir le plus tard possible, le Haut commissaire prévoit une surcote pour les bons élèves. Pour ne pas fâcher les syndicats, encore une fois, il n’y aura pas de pénalité pour les réticents. Mais il est envisagé un système qui permettra, grâce à la mise en place d’un « coefficient majorant » (une surcote donc), de voir la pension augmenter de 3 à 5 % pour une année travaillée en plus.

Doucement mais sûrement

Partir au-delà de 62, et même 63 ans, cela permet de prolonger les cotisations et de verser moins de pensions tandis que les salariés continuent à payer leurs impôts, à cotiser à la caisse d’assurance maladie, au chômage, etc. La logique gouvernementale est limpide. Comment résister à cet argument : si vous partez à 63 ans, vous percevrez une retraite de 1200 euros. Si vous partez à 66 ans, vous toucherez une pension de 1450 euros ! Le gouvernement, via son Haut-commissaire, y va mollo-mollo, presque en catimini. Mais il y va sûrement. Il aurait tort de se gêner puisque, après tout, nous vivrons tous centenaires. « La retraite, disait le ministre communiste Ambroise Croizat à la Libération, ne doit plus être l’antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie ». Mais dorénavant, on ne sait plus vraiment en fixer le début.

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Retraites