Le masque des inconséquents du libéralisme

par Philippe Allienne
Publié le 24 avril 2020 à 10:57

Le feuilleton autour du masque protecteur demeurera dans les annales (et le rédacteur demande ici de veiller à l’orthographe du mot « annales » - merci, ndlr).

Oui, cet épisode s’inscrira dans la durée, dans l’histoire. Ces masques étaient-ils protecteurs ? Si oui, à quel moment et de quel type de masque parlait-on ? Fallait-il se référer à des stocks datant d’une autre époque et d’une autre épidémie, donc d’un autre gouvernement ? Parlait-on au contraire de ce formidable engagement citoyen qui a vu les Français des deux sexes se piquer d’une folle envie de coudre ? Ou alors, faisait-on référence à ces cargaisons chargées dans les aéroports et les ports chinois et qui, longtemps, ont erré avant de trouver leur véritable destination ?

Les historiens jugeront. De toute façon, les stocks arriveront fin juin, bien après la reprise annoncée de l’école. Oui, mais pour quelles classes ? Les Grandes- Sections, les CP, les CE, les CM, les collégiens, les lycéens... Avec quel étalement ? Avec combien d’élèves par classe ? SEIZE ! Ah bon. Grâce au Covid-19, tout devient possible. Et la cantine scolaire ? Et les transports en commun ? Fort heureusement, les élèves ne se déplacent pas en avion sur l’air de la chanson du vieux Sébastien (« Qu’est-ce qu’on est serré, au fond de cette boîte, chantent les sardines... »). Rassurons-nous, le président Macron parle désormais avec les élus locaux. En visio-conférence. Et il s’aperçoit - peut-être - que les vraies réponses viendront du terrain. Voire.

Et puis, qu’en est-il des risques de cette contamination dont les jeunes pourraient se rendre coupables à l’encontre de leurs parents ? Cette étude « si complète » qui vient de sortir semble montrer que les lycéens ne contaminent pas tant que cela leurs géniteurs. « Pourquoi ? » demande la journaliste du JT de France 2 à une éminence scientifique. Parce que les jeunes ne se laissent plus embrasser par leurs vieux, pardi ! Parce que sinon, explique la scientifique aux téléspectateurs ébahis, « on peut rouvrir les écoles sans problème. Mais le risque de contamination est bien là ». Ah bon ? On peut aussi tirer à balles réelles sur quelqu’un. Mais celui-ci risque de mourir.

Le gouvernement cherche des solutions à la crise. Il doit à la fois rassurer les enfants et les parents, sauvegarder la vie économique, se montrer responsable tout en sachant qu’il ne sait pas. Rude tâche. Mais, pendant que des chroniqueurs du service public tentent de nous faire croire qu’Emmanuel Macron a vraiment le cœur à gauche, Muriel Pénicaud rappelle à l’ordre les inspecteurs du travail qui seraient trop compréhensifs avec les salariés.

La crise ? Quelle crise ? Le virus que nous venons de découvrir ne partira pas de sitôt. Et il sera sans doute bientôt rejoint par d’autres. Les terribles inconséquents du libéralisme pourront toujours chercher à se masquer derrière un recours aux services publics et à l’État. Qui pourra encore les croire ?