Pologne

Des rassemblements en solidarité des communistes polonais

par Jacques Kmieciak
Publié le 13 mars 2020 à 17:28

La procédure judiciaire a débuté en... 2015 suite à une plainte d’un député du parti Droit et Justice (PiS), au pouvoir en Pologne. L’élu reproche alors aux militants et journalistes du KPP de véhiculer des idées communistes dans Brzask , la revue du Parti, et sur leur site Internet. Aujourd’hui, trois d’entre eux encourent une peine de trois ans de prison en vertu d’un récent amendement au Code pénal interdisant l’ « idéologie communiste » et ses symboles !

Ce procès s’inscrit dans une campagne de démonisation de l’idéal collectiviste et de réécriture de l’Histoire (débaptisations de rues, démolition de monuments à la gloire de l’Armée rouge libératrice du pays en 1944-45). Elle vise à effacer des mémoires tous les bienfaits de la Pologne populaire (1944-1989) à l’heure où l’extrême droite cléricale et ultranationaliste favorise les desseins de l’impériaisme américain et de l’OTAN.

« Il s’agit d’une intolérable atteinte à la liberté d’expression, au pluralisme politique » , s’indigne l’association Les Amis d’Edward Gierek. Fondé en 2002, le KPP dénonce notamment « la liquidation des conquêtes sociales consécutives à la restauration du capitalisme » , indique Beata Karon, l’une de ses dirigeantes. Dès les années 1990, la réapparition d’un chômage de masse a ainsi conduit trois millions de Polonais sur les chemins de l’exil, vers la Grande- Bretagne notamment. « Une condamnation serait le prélude à une interdiction du KPP », imagine le politologue Bruno Drweski. Celle-ci aurait valeur d’avertissement pour l’ensemble des progressistes qui, au pays de Mickiewicz, s’opposent au bellicisme antirusse du PiS, aux privatisations et dérèglementations libérales ou encore à la mainmise des capitaux étrangers sur l’économie du pays.

À la veille du procès, une série de rassemblements de protestation ont eu lieu en Europe, d’Athènes à Kaliningrad, de Bruxelles à La Haye (notre photo). Mais aussi à Nice à l’initiative du PCF ou à Paris à l’appel du PRCF. Fuyant la répression politique, Michal Nowicki a été contraint de quitter la Pologne pour la région parisienne. Il rappelle qu’historiquement « les communistes ont toujours été les premières victimes » des fascistes au pouvoir.

Qualifiée de « pays des talibans catholiques », par l’éditeur Aymeric Monville, la Pologne serait-elle en voie de fascisation ? Héritiers des Colonels Annie Lacroix-Riz, historienne, n’est pas loin de le penser : « Les dirigeants actuels sont les héritiers de la Pologne dictatoriale des Colonels des années 1930. Ils se vautrent devant les États-Unis comme le régime réactionnaire et antisémite de Pilsudski et Beck le faisait devant le IIIe Reich. Ils conduisent ce pays à sa destruction. »

Et Annie Lacroix-Riz de revendiquer le droit des « communistes polonais à exprimer librement leur volonté de poursuivre les transformations sociales entamées sous la Pologne populaire ». La « Justice » rendra sa décision ce 17 mars.