Femme musulmane à vendre

Qui dit mieux ?

par Justine Frémy
Publié le 14 janvier 2022 à 13:02

En Inde, il ne fait pas bon être une femme, d’autant plus lorsqu’on est musulmane et qu’on ose s’exprimer publiquement. Début janvier, la police indienne a arrêté un jeune ingénieur soupçonné d’avoir créé « Bulli Bai », une application qui proposait de « mettre en vente » cent femmes, musulmanes, souvent des figures publiques connues, sur le marché indien. Si ces femmes ne sont pas réellement « vendues », elles sont cependant humiliées publiquement pour ce qu’elles sont et ce qu’elles font, puisque nombre d’entre elles sont journalistes, actrices, mais aussi avocates, militantes des droits de l’homme ou encore pilote de ligne. Des affronts intolérables dans une société indienne gangrénée par le racisme et la misogynie qui n’en est pas à son coup d’essai. Ainsi, au printemps dernier, une chaîne YouTube proposait elle aussi une vente aux enchères fictive de femmes musulmanes indiennes ou pakistanaise pour lesquelles les internautes s’amusaient à enchérir des sommes ridicules, tout en déversant leur haine dans les commentaires. En juillet 2021, c’est une autre application, « Sulli Bai », qui est créée sur le même principe. À l’époque, malgré les plaintes déposées par les femmes visées, le gouvernement de Narendra Modi n’avait pas réagi. Cette fois-ci, face au tollé suscité, il a bien été obligé de montrer qu’il agissait. L’ingénieur interpellé a affirmé ne rien regretter. Les minorités, elles, craignent un génocide perpétré par des intégristes hindous radicalisés qui ne prennent même pas la peine de se cacher.