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Se nettoyer le foie et étreindre la beauté

Publié le 6 janvier 2022 à 18:40

Mais qu’ont-ils donc tous à nous vouloir abstinents ? L’année devrait commencer par un « dry january », entendez « janvier sec ». Après les festivités réveillonesques (la bonne excuse), il faut se nettoyer le foie et tenter de s’engager à ne pas boire d’alcool durant les repas, les réunions et fêtes de famille, les cocktails professionnels, etc. Voilà une bien belle idée venue tout droit du Royaume-Uni et qui n’a pas eu besoin de traverser clandestinement la mer du Nord. À l’image du mal du Bal des Vampires (le film de Roman Polanski de 1967), le « dry january » envahit progressivement le monde occidental depuis dix ans et prend un envol nouveau grâce aux réseaux sociaux et aux associations de lutte contre le cancer et pour la prévention de l’alcoolisme. S’agissant d’une campagne de santé publique nous nous garderons bien de la dénigrer. Mais a-t-on une fois de plus besoin de vivre sous les injonctions toujours plus nombreuses et de plus en plus pressantes, sinon oppressantes ? Déjà qu’au lendemain des fêtes, certains et certaines prônent carrément le jeûne pour se débarrasser des vilaines toxines et autres calories prises le plus volontairement possible. Pourquoi ne pas simplement s’abstenir de faire la fête ? Nous finirons par y venir, d’autant que la crise sanitaire ne nous conviait pas spécialement à de grands banquets. Ne tirons pas le vin, il n’y aura pas à le boire. À propos de vin, précisément, ce sont maintenant plusieurs chefs étoilés qui tentent de nous faire oublier le divin breuvage. Pour accompagner leurs mets très raffinés, ils proposent des infusions de fruits, des distillats de légumes, des produits lactés et autres shisos verts ou toniques. Même le grand chef médiatisé par une célèbre émission télévisée, Florent Ladeyn, patron du Bloempot et du Bierbuik-Bloemeke à Lille, serait tenté par la chose. Grand bien leur fasse. Encore ne faut-il pas oublier les bons grands classiques, à l’instar du poète et savant persan Omar Khayyâm qui, au 11e siècle, estimait que « boire du vin et étreindre la beauté vaut mieux que l’hypocrisie du dévot ».