Julien Lauprêtre a fait grandir la solidarité populaire (2/2)

À toi notre ami, notre camarade...

Publié le 3 mai 2019 à 10:13 Mise à jour le 7 mai 2019

« Quand je veux du pain, je vais chez le boulanger ; quand je veux faire la solidarité, je choisis une association de solidarité et naturellement le Secours populaire. » Combien de fois ai-je entendu Julien Lauprêtre énoncer cette formule de bon sens, « pour mettre les points sur les i » affirmait-il, soucieux de l’indépendance de l’association.

Par Pierre OUTTERYCK, historien

« Quand je veux du pain, je vais chez le boulanger ; quand je veux faire la solidarité, je choisis une association de solidarité et naturellement le Secours populaire. » Combien de fois ai-je entendu Julien Lauprêtre énoncer cette formule de bon sens, « pour mettre les points sur les i » affirmait-il, soucieux de l’indépendance de l’association. « La solidariténe règle pas tout, mais pour celles et ceux qui la reçoivent, elle est irremplaçable. » Et il ajoutait aussitôt cette phrase d’Henri Barbusse : « La solidarité, ce ne sont pas des mots, mais des actes. »

« Tout ce qui est humain est notre ».

Julien était la solidaritéfaite homme, il faisait vivre la belle devise de Jean Cocteau : « Tout ce qui est humain est nôtre ». Que de souvenirs avec lui avant tout dans le quotidien ! Rencontres dans son bureau avec Gilbert Avril, refondateur du Secours du Nord àla Libération ; avec mon ami roubaisien Tarik M’Rabbet (président du CCMA) ; avec Christian Hoggart des Éclaireurs de France pour faire vivre « Copains du Monde »... Rencontres dans son modeste appartement du XIIe avec le chanteur Kadour de HK et Éric Mouveaux...Toujours avec le même objectif : construire et faire grandir la solidaritépopulaire !

Un vrai titi parisien... Il a toujours vécu dans le XIIe arrondissement de Paris oùil naît en janvier 1926. Sa mère était d’une santéfragile, son père, militant communiste et Résistant, était cheminot àla gare de Lyon. Julien s’est construit dans le Front populaire durant ces merveilleux printemps et été 36. Entré dans la Résistance avec des jeunes de son quartier, Il est marquéàvie par une rencontre : il se retrouve enfermépar la police de Vichy et la Gestapo avec Missak Manouchian et ses camarades, des « hommes indomptables, extraordinaires »... Il apprendra plus tard qu’ils étaient les héros de l’Affiche rouge. Tailleur de glace il est, avec ses camarades communistes, de tous les combats oùl’avenir de l’homme est en cause.

En 1955, il croise le SPF. La solidaritédevient sa vie, cette volonté sans limite d’aider les plus humbles et les plus fragiles... Une solidaritéancrée sur le réel, avec le souci constant de la fraternitéet de la dignité. Ainsi, inlassablement depuis 65 ans, construit-il grâce àde multiples rencontres une des plus grandes associations de solidarité, le Secours populaire. Intransigeant sur les principes, parcourant la France et le monde entier, Julien devient l’avocat des pauvres. « Association, non ! Un mouvement » disait-il. Un mouvement structurésur l’activité inlassable de plus de 80 000 bénévoles, rassemblant pour faire la solidarité avec les gens les plus connus, les plus humbles et les plus fragiles. « Des femmes et des hommes se donnant sans compter. Sans eux le Secours populaire n’existerait pas ! ». Julien avait toujours un mot pour les remercier et les encourager lors de ses visites dans les fédérations ou les comités. Combattant la désespérance, luttant pour la dignité, Julien avait sienne la devise de Pasteur : « Je ne te demande pas quelle est ta race, ta nationalité ou ta religion, mais quelle est ta souffrance. »

Bravo et merci Julien.