Disparition

Achille Blondeau est décédé

par Franck Jakubek
Publié le 22 septembre 2019 à 17:35 Mise à jour le 2 octobre 2019

Le visage des résistants de la première heure est souvent celui de très jeunes hommes, à peine sortis de l’enfance. Patriotes convaincus, militants syndicaux et politiques, au mépris de leur vie et de leur liberté, ils ont pris tous les risques contre l’occupant. L’un d’eux vient de s’éteindre.

Grande figure du syndicalisme, ancien secrétaire général de la fédération CGT des mineurs, résistant, déporté, Achille Blondeau est décédé samedi 21 septembre dans sa 95ème année. Petit-fils et fils de mineur, Achille Blondeau est né à Auby (59) en 1925. Il fut le principal animateur de la grève des mineurs de 1963.

Ses parents avaient pris un estaminet à Raimbeaucourt. L’administration des Mines leur ayant refusé un logement dans un coron car ils s’étaient mariés civilement uniquement. Son père, militant politique et syndical, organise de nombreuses réunions qu’Achille suit avec attention. En 1940, il entre à la mine et adhère aux Jeunesses communistes. Il organise sa première grève durant l’hiver 40-41. Il n’a pas seize ans. Arrêté le 19 janvier 1943, il est interrogé, battu, emprisonné. Il ne livre que son appartenance à la JC que les Allemands connaissent déjà. Déporté sans procès à Huy (B), il pense qu’il risque d’y être fusillé comme otage ou transporté à Mauthausen dont la forteresse belge est l’antichambre. Cependant en septembre 1943, il est renvoyé en France pour être jugé devant la sinistre Cour Spéciale de Douai. Acquitté, faute de preuves, il est libéré, mais arrêté de nouveau par les Allemands et transféré à la prison de Loos-lez-Lille. Il est finalement libéré en février 1944. En avril, il rejoint les Francs-tireurs et partisans (FTP) et devint rapidement chef de groupe tout en reconstruisant la JC.

Résistant et déporté

A la libération de la région, il y a juste 75 ans cette semaine, il prend un engagement pour la durée de la guerre dans la nouvelle armée

En 2013, Achille Blondeau rend visite à son ami Louis Delbassée et lui dédicace sa biographie. ils ne s’étaient pas revus depuis 1947. Cette photo a été publiée dans le journal de Bouvignies (62) où habitait alors Louis.
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française. Engagement qu’il rompra pour ne pas servir les intérêts coloniaux en Indochine. En 1946, il est élu au comité fédéral du PCF. Élu à la commission administrative du syndicat des mines CGT en 1947, après une activité de permanent à la fédération du Pas-de-Calais, il entre au secrétariat de la fédération CGT du Sous-Sol en février 1951. Installé à Paris avec son épouse, il exerce de nombreuses responsabilités, dont la direction des journaux Le Travailleur du Sous-Sol et Droit minier. Au Congrès de Pau en 1960, il prend la tête de la fédération jusque son départ en retraite en 1980. Il a notamment ensuite contribué à la création de l’Institut d’histoire sociale.

Une figure du monde syndical

Sa contribution aux luttes sociales et son engagement sans faille sont salués par tous. Son action a marqué le parcours de centaines de militants dans les mines, et bien au-delà de la profession et de notre région. Liberté-Hebdo adresse ses plus vives condoléances à sa famille ainsi qu’à ses proches. Les obsèques eurent lieu jeudi 26 septembre à 14h30 au cimetière d’Avensan (33).

(complément du 27 septembre) La commune d’Auby (Nord), ses camarades du PCF et de la Cgt ont organisé un hommage le même jour. Une plaque a été dévoilée par Freddy Kazmareck, maire, en prèsence notamment d’Alain Bruneel, Député PCF, Dominique Ben de l’Institut d’histoire sociale CGT et représentant l’Union Départementale, ainsi que Raymond Frakowiack, secrétaire régional du syndicat des mineurs.

A lire un excellent article paru en 2014 dansl’Humanité

Une biographe lui a été consacré par Le Geai Bleu éditionsA lire

retrouvezsa biographie dans le dictionnaire du mouvement ouvier Le Maitron